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LA THÉORIE DES MARÉES ET L’ASTROLOGIE

rieur ; elles n’en dérivent pas par une nécessité brutale et de bas étage, mais par une nécessité spirituelle et perpétuelle.

» Lorsque, dans le corps d’un animal, une partie éprouve quelque sensation, toute autre partie de ce corps ressent aussi une sensation, parce que les parties diverses de cet animal se ramènent à une disposition unique. De même en est-il des dispositions qui, dans ce monde-ci, proviennent du monde supérieur ; en lui, elles ne font qu’un ; mais ici-bas, elles se diversifient.

» Ainsi donc, rien n’émane des corps célestes qui ne soit bon ; c’est par le mélange avec les corps inférieurs que ce bien se change en mal : en effet, tout ce qui émane du monde supérieur procède d’une vie qui n’est pas une vie particulière, mais une vie universelle. Peut-être, aussi, l’impression faite par la Nature terrestre sur les choses du monde inferieur y produit elle un autre effet que l’impression faite par le monde supérieur, car cette Nature n’est pas aussi efficace que le signe céleste dont elle provient. »

Parmi quelques hésitations, nous démêlons ici l’affirmation de ce principe que tous les Néo-platoniciens ont, plus ou moins explicitement, professé : Du monde des astres comme du monde des dieux, rien ne provient qui, pris en sa pureté, ne soit bon. Seul, le mélange avec les corps matériels du monde sublunaire souille cette influence, l’altère, la diversifie et en fait sortir ici de bons effets, là de mauvais résultats.

Ces mauvais effets, la Théologie d’Aristote ne peut nier que les astres n’en soient causes. Mais il ne veut pas en conclure que les astres sont mauvais, car les astres n’agissent pas volontairement. C’est par nécessité que le bien dont ils sont comblés déborde sur le monde inférieur ; si quelque mal résulte de cette influence, ils n’en sont point responsables.


X
LES PRINCIPES DE L’ASTROLOGIE APRÈS POSIDONIUS (suite).
COMMENT L’ÂME HUMAINE ÉCHAPPE AU DESTIN MARQUÉ PAR LES ASTRES

Bien que composée pour réagir contre la doctrine des Chaldéens, la doctrine astrologique de Plotin semble, parfois, reproduire les mêmes conséquences.

Plotin a refusé aux astres le titre de causes efficientes ; il les a réduits à n’être que des signes ; mais pour que ces signes puissent