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LA THÉORIE DES MARÉES ET L’ASTROLOGIE

qualités actives, les âmes par lesquelles sont opérées les transformations chimiques.

De telles pensées conduisaient naturellement les alchimistes à rechercher d’une manière détaillée quelles actions chacun des corps célestes exerce sur les divers corps terrestres.

Il faut probablement faire remonter aux Chaldéens l’idée de consacrer un métal à chaque planète[1] ; de bonne heure, l’attribution de l’or au Soleil et de l’argent à la Lune se trouva fixée ; les autres attributions éprouvèrent diverses variations jusqu’au jour ou il fut convenu que le plomb était le métal de Saturne, l’étain le métal de Jupiter, le fer le métal de Mars, le cuivre le métal de Vénus et, enfin, le vif-argent le métal de la planète Mercure dont il garde aujourd’hui le nom.

Il est peu probable que des hommes aussi complètement voués à l’astrologie que les savants chaldéens n’aient pas mis, dans ces attributions, l’affirmation que chaque planète exerçait une influence particulière sur le métal qui lui était assigné.

En tous cas, Zosime laisse souvent apercevoir qu’à son avis, les astres exercent un certain empire sur les réactions de l’Alchimie.

« La composition des eaux, dit-il au début de ses Leçons sur la vertu[2], le mouvement, l’accroissement, l’enlèvement et la restitution de la nature corporelle, la séparation de l’esprit d’avec le corps et la fixation de l’esprit sur le corps,… tout ce système uniforme et polychrome comprend la recherche multiple et infiniment variée de toutes choses, la recherche de la nature subordonnée à l’influence lunaire (σεληνιαζομένη) et à la mesure du temps. »

Ailleurs, il nous apprend[3] que les astrologues assignent le cuivre à Vénus, pendant son ascension ; que l’argent répond à l’ascension de la Lune et le vif-argent au déclin de cet astre. Au légendaire Hermès Trismégiste, il emprunte[4] son enseignement sur « ce qui tombe de l’effluve lunaire. De même que la lumière de la Lune croît et décroît, de même notre argent décroît en perdant son corps, d’une façon correspondante à la Lune ». « Le corps demeure fixé par le déclin [de la Lune], dit-il encore[5], et la

  1. Voir, à ce sujet : M. Berthelot, Relations entre les métaux et les planètes, in : M. Berthelot, Science et Philosophie, et Berthelot et Ruelle , Op. laud., Introduction, pp. 73-85.
  2. M. Berthelot et Ruelle, Op. laud., textes grecs, p. 107 ; trad. françaises, p. 117.
  3. Zosime, Sur la vertu et l’interprétation, 7 et 8 (M. Berthelot et Ruelle, Op. laud., textes grecs, pp. 123-124 ; trad. françaises, p. 131).
  4. M. Berthelot et Ruelle , Op. laud., trad. françaises, p. 132, en noir.
  5. Zosime , Op. laud. 9 (M. Berthelot et Ruelle , Op. laud., textes grecs, p. 125 ; trad. française, p. 133).