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LA COSMOLOGIE HELLÉNIQUE

Albumasar, qui cite volontiers le Philosophe, met à la base de l’Astrologie l’axiome péripatéticien qui soumet les changements sublunaires au gouvernement des circulations célestes. Après avoir rappelé le rôle de l’Astronomie mathématique, si parfaitement exposé par Ptolémée dans l’Almageste, il poursuit en ces termes[1] :

« En second lieu, vient la Physique (Naturalis scientia) qui, dans son genre, n’est pas moins universelle ; tout d’abord, elle étudie en elles-mêmes les natures et les propriétés des corps des étoiles ; puis, par de nombreuses expériences et parmi certain raisonnement propre au physicien, elle recherche quel est le gouvernement des astres sur les accidents du monde inférieur. Que les diverses altérations des corps composés par les éléments, en effet, suivent, d’après une loi habituelle et fixe, le cours des astres, cela semble bien prouver d’une manière nécessaire que les astres déterminent, en ces corps, un certain mouvement. »

Or que certains effets naturels suivent, dans leur progrès, le cours des astres, cela est manifeste. Parmi les exemples qu’il cite, notre astrologue n’a garde d’omettre ceux-ci : « Pour beaucoup de gens, même du vulgaire, il n’est point douteux que les croissances et les décroissances des vents de la mer, des qualités et des quantités qui se rencontrent dans les animaux, les plantes et les métaux, ne suivent le lever et le coucher de la Lune, l’approche ou l’éloignement de cet astre par rapport au Soleil… Les flux et reflux quotidiens de la mer et ceux qui sont réglés par les semaines dépendent de la croissance et de la décroissance de la lunaison ». Les lois de la marée donnent ainsi, au gré d’Abou Masar, un témoignage convaincant en faveur de l’Astrologie.

« Puisqu’il en est ainsi, poursuit-il[2], que le sage ne redoute ni de suivre les mouvements des étoiles, ni d’étudier les effets de ces mouvements. Les expériences répétées des astrologues qui nous ont précédé et les assertions pénétrantes des philosophes nous ont assuré que les accidents de ce monde suivaient les mouvements des étoiles, conformément aux natures de ces dernières. Lorsque le sage voit les générations et les destructions des choses d’ici-bas dépendre des conseils des corps célestes, quelque fausse honte l’empêchera-t-elle de croire ce qu’il tient pour certain ou

  1. Introductorium in astronomiam Albumasaris abalachi octo continens libros partiales. — Coloplion : Opus introductorij in astronomiam Albumasaris abalachi explicit feliciter, Venetijs : mandato et expensis Melchionis (sic) Sessa : Per Jacobum pentium Leucensem. Anno domini 1506. Die 5 Septembris. Regnante inclyto domino Leonardo Lauredano Uenetiarum Principe. Lib. I, cap. I Fol. sign. a 2, vo et fol. sign. a 3 ro et vo.
  2. Abou Masar, loc. cit., ed. cit., fol. sign. a 4i vo.