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LA THÉORIE DES MARÉES ET L’ASTROLOGIE

dure autant que l’ensemble du flux et du reflux dans l’autre hémisphère ; autant donc, dans l’hémisphère supérieur, la durée du flux est plus longue ou plus brève que celle du reflux suivant, autant, dans l’hémisphère inférieur, la durée du reflux est plus longue ou plus brève que la durée du flux qui le suit immédiatement.

» La durée de cette inégalité entre le flux et le reflux est, soit par excès, soit par défaut, voisine d’une heure ; si la masse d’eau soulevée est très considérable, la durée du flux surpasse d’une heure, ou d’un peu plus, ou d’un peu moins, la durée du reflux.

» Toute cette inégalité provient de huit causes.

» Premièrement : La distance entre la Lune et le Soleil, et l’augmentation ou la diminution de la lumière de la Lune.

» Secondement : La marche directe ou rétrograde qui doit être ajoutée au moyen mouvement de la Lune ou retranchée de ce moyen mouvement.

» Troisièmement : La position de la Lune sur son excentrique.

» Quatrièmement : La position de la Lune sur le cercle de digression [position d’où dépend sa déclinaison].

» Cinquièmement : Sa position boréale ou australe [par rapport à l’équateur].

» Sixièmement : Les jours que les Égyptiens nomment jours marins et les Occidentaux jours de crue et de décroissance ; cette cause n’est pas une propriété de la Lune.

» Septièmement : La longueur ou la brièveté du jour ou de la nuit ; cette cause est une propriété du Soleil.

» Huitièmement : L’action favorable des vents.

» Dans la distance croissante ou décroissante entre la Lune et le Soleil, on distingue quatre positions : La première est la conjonction du Soleil et de la Lune ; la seconde est le premier quartier, alors que la Lune est en dichotomie ; la troisième est l’opposition, où l’éclairement de la Lune est maximum ; la quatrième est le second quartier. Au temps donc de la conjonction des deux luminaires, le flux de la mer est puissant et le reflux découvre de grands espaces. Le Soleil, conjoint à la Lune, ajoute, en effet, quelque chose aux forces lunaires ; car le Soleil possède, lui aussi, une certaine force pour provoquer le flux de la mer. La même chose arrive chaque fois que la Lune est en conjonction avec des astres humides… Mais, par suite de l’état privilégié dont la Lune jouit naturellement auprès du Soleil, la conjonction de la Lune avec le Soleil est beaucoup plus efficace que la conjonction de la Lune avec les étoiles. Plus la Lune s’éloigne de l’heure de la