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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome II.djvu/478

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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE

Le temps, c’est le mouvement (le rotation du Ciel ; et Thémistius jugeait que leur opinion n’était point déraisonnable.

Porphyre[1] voulait, lui, que chacune des révolutions des corps célestes fût un temps ; chaque astre a ainsi son temps particulier ; « autre est le temps du Soleil, autre le temps de la Lune, autre le temps de Vénus, autre le temps de chacun des mobiles ; c’est pourquoi, à chaque astre, correspond une année différente. Mais il est une année qui embrasse toutes les autres ». Cette Grande Année, période commune de toutes les révolutions célestes, constitue le temps parfait.

À de telles définitions du temps, Saint Augustin ne souscrit pas[2] :

« J’ai entendu dire à un certain savant : Les mouvements de la Lune, du Soleil, des étoiles, voilà les temps. Je n’en suis point tombé d’accord, nil annui.

» Pourquoi, en effet, les mouvements de tous les autres corps ne seraient-ils pas aussi des temps ? Que tous les luminaires des cieux s’arrêtent et qu’une roue de potier continue de tourner ; n’y aurait-il plus un temps à l’aide duquel nous mesurerions ses tours, à l’aide duquel nous dirions qu’ils se font tous en des durées égales, ou bien, si les uns étaient plus vites et les autres plus lents, que ceux-ci durent davantage et ceux-là moins ?… Les luminaires célestes sont des signes destinés à marquer les temps, les années, les jours ; c’est vrai ; mais, tout en me gardant de dire qu’un tour de cette roue de bois est un jour, je n’irais point prétendre que ce n’est pas un temps…

» Qu’on ne vienne donc pas me dire : Les temps, ce sont les mouvements des corps célestes. Après qu’à la prière d’un homme, le Soleil se fut arrêté, afin que cet homme pût poursuivre sa victoire, le Soleil était arrêté, mais le temps marchait ; Sol stabat, sed tempus ibat. »

Mais approfondissons.

« Le jour est accompli lorsque le Soleil achève son tour d’Orient en Occident. Je demande alors : Est-ce le mouvement même du Soleil qui est le jour, ou bien la durée (mora) pendant laquelle ce mouvement s’accomplit, ou bien l’un et l’autre ? »

Mais ne voit-on pas que le jour ne saurait être la l’évolution même du Soleil ? Nous concevons parfaitement que le Soleil pourrait marcher vingt-quatre fois plus vite, que sa révolution serait

  1. Voir : Première partie » ch. V, § III ; t. I, pp. 250-251.
  2. Saint Augustin, Confessions, t. XI, ch. XXIII.