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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE

également l’opinion de Platon qui les compose de feu et de terre. Il rappelle que Thalès faisait de l’eau l’origine de toutes choses, qu’Anaximène attribuait le même rôle à l’air, Héraclite et Hipparque du Pont, au feu. De ces divergences d’avis, il tire cette conclusion : « Il est manifeste que tous les éléments se transmuent alternativement, qu’ils se transforment à tour de rôle les uns dans les autres et, par conséquent, que chacun de ces éléments existe nécessairement. Quel que soit, en effet, celui des quatre éléments dont vous admettrez l’existence, vous reconnaîtrez que les trois autres en peuvent provenir ».

Au sujet du lieu naturel de la terre au milieu du Monde et de la cinquième essence dont certains philosophes forment la substance céleste, Saint Ambroise se borne[1] visiblement à paraphraser ce qu’a dit Saint Basile ; c’est donc la pensée d’Aristote qu’il expose, en définitive, à ses auditeurs, mais d’Aristote lu et interprété par l’Évêque de Césarée.

Ambroise enseigne[2], d’ailleurs, de la manière la plus sommaire, « que quatre éléments ont été créés, au moyen desquels ont été engendrés tous les corps qui sont de ce Monde. Ces quatre éléments sont le feu, l’air, l’eau et la terre. Dans tous les corps, ils subsistent mélangés entre eux ; dans la terre meme, vous trouverez du feu qu’il est souvent possible de tirer des pierres en les frappant avec du fer ».

L’Évêque de Milan pense qu’au Ciel, il se rencontre du feu et de l’eau ; les arguments péripatéticiens en faveur de la cinquième essence ne l’avaient sans doute pas convaincu.

Saint Augustin ne paraît avoir attaché aucune loi à l’existence de cette essence céleste.

Dans son ouvrage inachevé sur la Genèse, il semble admettre[3] que tous les corps, tant célestes que terrestres, sont formés à l’aide de quatre éléments qu’il nomme l’éther, l’air, l’eau et la terre.

Ailleurs[4], il paraît se ranger à l’opinion de ceux « qui regardent le Ciel comme formé de feu pur répandu au-dessus de l’air ; ils supposent aussi que le Soleil, la Lune et les étoiles sont formés de ce même feu ».

  1. S. Ambrosii Hexaemeron liber primus : De opere primi diei, Cap. VI, 22-23 [S. Ambrosii Opera accurante Migne, tomi primi pars prior (Patrologiœ latinœ tomus XIV), coll. 132-135]
  2. S. Ambrosii Op. laud., cap. VI ; loc. cit., col. 132.
  3. S. Aurelii Augustini De Genesi ad litteram imperfectus liber, Cap. IV, 14 [Sancti Augustini Opera, accurante Migne, tomus III, pars prior [Patrologiœ latinœ, t. XXXIV), col. 225].
  4. S. Auhelii Augustini De Genesi ad litteram liber secundus, Cap. III, 6 ; éd. cit., col. 205.