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LA COSMOLOGIE DES PÈRES DE L’ÉGLISE

formé au second jour et qui, au quatrième jour, se peuplera d’astres. En ce ciel primitif, qui est, à l’origine, dépourvu d’astre et reconnaître la neuvième sphère que la découverte du mouvement de précession des équinoxes a contraint les astronomes de placer aux bornes du Monde pour communiquer le mouvement diurne au ciel tout entier.

« Quelqu’un accueillera peut-être avec méfiance, écrit Philopon[1], l’hypothèse du Prophète, selon laquelle, avant la sphère appelée inerrante et au-dessus de cette sphère, il a été créé un autre ciel sans astre ; il la regardera peut-être comme une supposition dénuée de toute preuve. Rappelons-lui qu’aucun des mathématiciens antérieurs à Hipparque et à Ptolémée n’a connu la neuvième sphère privée d’astre qui est à l’extérieur de toutes les autres. Platon, lui aussi, a pensé, après les autres, qu’il n’en existait que huit. Mais à la suite de certaines observations dont il n’est pas nécessaire de parler ici, Hipparque et Ptolémée ont introduit la neuvième sphère sans astre.

» Assurément, de ce que quelque chose n’a pas été connu par certains hommes, il n’en résulte pas, avec une absolue nécessité, que ce quelque chose ne soit rien. Pour moi, et quant à présent, ce qui est démontré, c’est simplement ceci : Ptolémée, et Hipparque avant lui, se sont accordés avec Moïse en l’hypothèse d’une sphère sans astre, extérieure à toutes les autres ; ou plutôt, c’est à Moïse qu’ils ont emprunté le principe de leur découverte ; Moïse, en efflet, dit que Dieu a placé le Soleil, la Lune et la multitude des astres dans la sphère qui vient après celle-là, et qu’il a appelée firmament. »

Hipparque et Ptolémée peuvent donc être appelés en témoignage ; ils confirmeront l’exactitude de la Cosmogonie mosaïque qui fait créer par Dieu, au premier jour, un premier ciel sans astre, puis, au second jour, à l’intérieur de celui-là, un firmament au sein duquel les astres seront engendrés au quatrième jour.

« Nous avons démontré, dit notre auteur[2], que la Cosmogonie de Moïse s’accorde avec la réalité, et nous avons appelé Hipparque et Ptolémée, qui sont, parmi tous leurs prédécesseurs, les savants les plus hautement estimés en Astronomie, en témoignage de la génération du second ciel ; prenant occasion, je pense, de ce que Moïse avait écrit, ils ont été les premiers des Grecs qui aient appliqué leur pensée à la considération de la sphère sans astre,

  1. Joannis Philoponi Op. laud., lib. I, cap. VII ; éd. cit., pp. 15-16.
  2. Joannis Philoponi Op. laud., lib. III ; éd. cit., pp. 113-114.