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LES DIMENSIONS DU MONDE

duit en latin par Jean de Luna (Johannes Hispaniensis et Lunensis). Les manuscrits de cette traduction se répandirent, très nombreux, dans les Écoles du Moyen-Âge[1] où la mesure des dimensions du système des astres, déjà connue au temps de Proclus, fut constamment attribuée à Alfraganus.

C’est au chapitre XXI de l’abrégé de Jean de Luna qu’est exposée[2] la méthode propre à déterminer la distance entre la Terre et les astres.

« Après avoir énuméré les étoiles selon leurs divers ordres, dit Al Fergani, donnons la mesure de leurs distances à la Terre. Dans son livre, Ptolémée nous a seulement fait connaître la distance du Soleil et de la Lune à la Terre ; mais nous n’avons pas trouvé qu’il ait parlé des distances des autres étoiles ; il s’est contenté de dire ce que nous avons rapporté ci-dessus touchant la distance des centres des orbites au centre de la Terre, et la grandeur des orbes de révolution [épicycles]. Ayant donc admis que la plus grande distance de la Terre à l’ensemble des deux cercles de la Lune, savoir à l’ensemble de l’orbe excentrique et de l’orbe épicycle, était la moindre distance de Mercure à la Terre, nous avons fait usage du rapport que nous avions déterminé ; nous avons ensuite répété la même opération pour Vénus et pour Mercure ; nous avons ainsi trouvé que la plus grande distance de la Terre à l’ensemble des deux orbites de Vénus coïncidait avec la plus petite distance du Soleil déterminée par Ptolémée. Nous avons démontré par là qu’il n’y avait point, de vide entre les orbes. Nous avons ensuite opéré de même pour les autres étoiles jusqu’à ce que nous soyons parvenu à l’orbe des étoiles fixes qui a pour centre le centre de la Terre. »

Voici, évaluées en rayons terrestres, les valeurs qu’Al Fergani

  1. Nos citations sont extraites du ms 7298 (fonds latin) de la Bibliothèque nationale où, du fol. 124. col. d, au fol. 142, col. b, se trouve l’écrit intitulé : Incipit liber de aggregationibus (a) stellarum et (b) principiis celestium motuum quem Ametus filius Ameti qui dictus est Alfraganus compilavit, tres continens capitula. Cette traduction fut imprimée pour la première fois en 1493, sous ce titre : Brevis ac perutilis compilatio Alfragani astronomorum peritissimi totum id continens quod ad rudimenta astronomica est opportunum. Le colophon de cette édition porte : Impressum Ferrarie arte et impensa Andree galli viri impressorie artis peritissimi. Anno incarnationis verbi 1493, die vero tercia Septembris. Cette version a étlé réimprimée à Nüremberg en 1537, et a Paris en 1546. En 1669, Golius a publié, à Amsterdam, une version du traité d’Al Fergani, faite sur le texte arabe.

    (a) Le ms. ajoute, en cet endroit, le mot : scientie.

    (b) Au lieu de : et, le ms. porte : in.

  2. Bibliothèque nationale, fonds latin, ms. no 7298, fol. 137, col. c. : Capitulum 21. De mensura longitudinum stellarum fixarum et currentium e terra.