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LA COSMOLOGIE HELLÉNIQUE

assentiment, plus de droits que cette méthode, propre à mesurer l’Univers, n’en avait à la confiance d’un Al Fergani, d’un Al Battani ou d’un Maïmonide ?

Les Grecs et les Arabes n’avaient obtenu, par les divers procccédés que nous avons décrits, que des renseignements fort inexacts sur les dimensions des astres errants et sur leurs distances à La Terre. Voyons cependant à quel degré de justesse était parvenue l’idée qu’ils s’étaient faite des dimensions de l’Univers.

La grosseur qu’ils avaient attribuée à la Lune n’était pas extrêmement différente de la vérité, puisque Ptolémée prenait le rayon de cet astre égal au du rayon terrestre alors qu’il en vaut, en réalité, les  ; l’erreur n’atteint pas du rayon terrestre.

Les diamètres des planètes, tels que les anciens les avaient évalués, s’écartaient bien davantage de ceux qui nous sont aujourd’hui connus. Le diamètre qu’ils donnaient à Mercure était presque neuf fois trop petit ; celui de Vénus était trois fois trop faible ; il en était à peu près de même de celui de Jupiter ; et il eût fallu doubler le rayon qu’ils assignaient à Saturne pour obtenir le véritable ravon de cet astre. En revanche, les dimensions linéaires qu’ils attribuaient à Mars étaient plus du double des dimensions exactes.

En dépit de toutes ces erreurs, néanmoins, les astronomes de l’Islam étaient parvenus à reconnaître une importante vérité ; c’est qu’il est des planètes moindres que la Terre, qu’il en est de plus grandes, enfin qu’aucune d’entre elles n’est immensément plus petite, ni immensément plus grande que le globe habité par les humains.

Bien autrement inexacte était l’opinion que les Grecs et les Arabes avaient conçue touchant la grandeur du Soleil. On s’en tenait, en général, à l’évaluation de Ptolémée, et l’on pensait que le diamètre du Soleil vaut cinq fois et demie celui de la Terre, alors qu’il est à peu près cent-neuf fois plus grand que ce dernier. Selon cette évaluation, le Soleil restait bien le plus grand des astres errants ; mais il surpassait de peu Jupiter et Saturne ; même comparé à celui de la Terre, son volume ne se montrait pas immense ; il était 167 fois plus grand que celui de notre globe.

Lorsqu’on examine les dimensions des divers astres, telles qu’elles nous sont aujourd’hui connues, on est tout d’abord frappé par l’énormité du Soleil ; l’excès de son volume sur celui de la Terre, de la Lune ou de l’une quelconque des planètes suffirait à nous faire soupçonner qu’il est, parmi ces astres, doué d’un rôle pri-