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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome III.djvu/135

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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE


suivi, sans aucune raison, par nombre d’auteurs, et, notamment, par Sbaraglia, de le nommer Barthélemy de Glanville.

« Le renseignement le plus précis [1] qui nous soit parvenu sur la vie de Barthélemy se trouve dans une lettre adressée, en 1230, par le général des frères mineurs au provincial de France… Il s’agissait d’organiser la province de Saxe, récemment instituée par suite du dédoublement de la province d’Allemagne, que le chapitre général venait de partager en deux. Le général demandait au provincial de France l’envoi de deux religieux qui devaient diriger l’administration et les études de l’ordre dans la nouvelle province, et c’était frère Barthélemi l’Anglais qui était désigné pour le second poste : Fratrem Bartholomæum Anglicum lecturæ præficiendum. »

Comme les Étymologies d’Isidore de Séville, comme le De Universo de Rhaban Maur, le De proprietatibus rerum de Barthélemy l’Anglais procède du désir de composer une encyclopédie ; et en effet, il n’est guère de science, sacrée ou profane, dont il ne soit parlé dans quelqu’un des dix-neuf livres qui forment le De proprietatibus rerum.

Notre frère mineur ne se pique aucunement, d’ailleurs, d’originalité ; chacun de ses chapitres est formé par une suite de propositions, et chaque proposition reproduit ou résume l’avis d’un auteur qui est scrupuleusement nommé ; ainsi fera, peu après frère Barthélemy, le dominicain Vincent de Beauvais, lorsqu’il composera son célèbre Speculum triplex.

La liste des auteurs qui seront cités dans l’ouvrage est donnée en tête ; parmi ces auteurs, les plus récents sont Michel Scot et Robert de Lincoln ; on en peut conclure que le De proprielatibus rerum n’a pu précéder de beaucoup le milieu du xiiie siècle.

D’autre part [2], cet ouvrage est cité dans une chronique que le franciscain Salimbeni de Parme a composée en 1283 ; il en existe des copies manuscrites datées les unes de 1296, les autres de 1300 ; on le vendait à Paris en 1300, en 1303. On peut donc croire que Barthélemy l’Anglais a compilé son encyclopédie entre l’an 1250 et l’an 1275, au temps même où florissait Albert le Grand.

Or le De proprietatibus rerum ne semble point du tout un livre de cette époque ; on le croirait écrit au moins un siècle plus tôt, par quelque écolier de Guillaume de Conches et de Gilbert de la

1. Léopold Delisle, Op. laud., p. 355.

2. Ces renseignements sont extraits de : Sbarale.e Supplernentum et castigatiu ad Script ores triant ordinuni S. Francisco : Ed. nova, Romæ MCMVUI, pars I, pp. 120-122 (Art. : Bartholomœus Glaunoillus).

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