Page:Duhem - Le Système du Monde, tome III.djvu/19

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
12
L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE


distincte de la Théologie, capable d’atteindre à la vérité par des moyens uniquement tirés de la raison humaine.


II
LES DISCIPLES D’ISIDORE ET DE PLINE L’ANCIEN. AUGUSTIN L’HIBERNAIS.
LE PSEUDO-ISIDORE. LE VÉNÉRABLE BÈDE. RHABAN MAUR. WALAFRID STRABON.

Le Moyen Âge a parfois attribué à Saint Augustin un écrit en trois livres intitulé : De mirabilibus Sacræ Scripturæ. Cet écrit, bien indigne du grand Évêque d’Hippone, est précédé d’un préambule où l’auteur, qui se nomme en effet Augustin, s’adresse[1] aux prêtres et évêques des villes et monastères « carthaginois ». Ce mot, dû certainement à quelque erreur de copiste, a fait prendre cet Augustin pour Saint Augustin.

Sa patrie est aisée à deviner. Lorsqu’il a occasion de discourir des îles, celle qu’il prend pour exemple, c’est l’Hibernie[2]. Assurément, nous avons affaire à quelque moine hibernais.

La date de son ouvrage ne peut faire l’objet d’aucun doute.

Le miracle de Josué l’amène à parler du cycle pascal établi par Denys le Petit[3]. Après avoir rappelé que la durée de chacun de ces cycles est de 532 ans, il déclare qu’il en fait commencer la révolution à la création du Monde. Dès lors, selon lui, « le dixième cycle a pris fin quatre-vingt-douze ans après la passion du Sauveur », soit en l’an 125 de J.-C. « Le onzième cycle… a couru jusqu’à notre époque ; en sa dernière année, est mort Manichée, savant entre tous les Hibernais. Quant au douzième cycle, il accomplit, en ce moment, sa troisième année — Et duodecimus nunc tertium annum agens… ». Voilà donc l’ouvrage d’Augustin l’Hibernais daté de l’an 660 de J.-C.

Il n’est guère, en cet ouvrage, question d’Astronomie ni de Physique. Cependant, le déluge de Noé donne occasion à notre auteur de parler de ces sciences.

D’où sont venues[4] ces eaux du déluge que l’Écriture fait sortir des cataractes du ciel ? Par ces cataractes, certains entendent sim-

  1. Augustini De mirabilibus Sacrœ Scripturæ libri tres ; proœmium [S. Aurelii Augustin Opera, accurante Migne, t. III, pars altera (Patrologiœ latinœ t. XXXV), coII. 2149-2150].
  2. Augustini Op. laud., lib. I, cap. VII ; éd. cit., col. 2158.
  3. Augustini Op. laud., lib. II, cap. IV ; éd. cit., coll. 2175-2176.
  4. Augustini Op. laud., lib.. I, cap. VI ; éd. cit., col. 2107.