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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome III.djvu/20

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L’INITIATION DES BARBARES


plement les nuées génératrices de la pluie. « D’autres, au contraire, pensent que ces cataractes étaient faites d’avance dans ce firmament suprême que Dieu avait créé au commencement pour séparer les eaux supérieures des eaux inférieures ; ces eaux que Dieu avait placées au-dessus du firmament, il les avait, disent-ils, préparées en vue de ce ministère… Ceux qui admettent que les eaux du firmament sont tombées au moment du déluge, pensent qu’avant le déluge, il n’y avait pas de pluies dans le monde… Mais de cette recherche, quel résultat faut-il tenir pour certain ? Aux savants et aux catholiques d’y voir ».

Le retrait des eaux du déluge amène Augustin à parler de la marée. Voici ce qu’il écrit à ce sujet[1] :

« La question qui nous occupe reparaît sans cesse à l’occasion des flux et des reflux quotidiens de l’Océan ; de même que nous ne savons d’où vient cette inondation ni où elle se retire, de même ignorons-nous ce qu’a été le retrait du déluge.

» Cette inondation quotidienne, en effet, se produit toujours deux fois par jour de vingt-quatre heures ; en outre, elle change, de semaine en semaine, par l’alternative de la morte eau (ledo) et de la vive-eau (malina). La morte-eau (ledo) a six heures de flot et même durée de jusant ; au contraire, une forte vive-eau (malina) bouillonne pendant cinq heures et, pendant sept heures, découvre le rivage.

» La vive-eau montre, avec la Lune, une concordance si parfaite qu’elle commence constamment trois jours et douze heures avant la naissance de la Lune ; elle dure encore, habituellement, trois jours et douze heures après l’instant de la naissance de la Lune. Elle commence de même trois jours et douze heures avant la pleine-lune, et un temps égal [après la pleine-lune] lui fait atteindre son terme. En chaque saison, printemps, été, automne, hiver, il y a six malinæ, selon le calcul des lunaisons ; c’est-à-dire que chaque année commune en compte, en tout, vingt-quatre, à l’exception des années embolismiques qui en contiennent vingt-six.

» En chacune de ces saisons, les deux malines[2] des équinoxes et celles qui se produisent au moment où prend fin l’accroissement du jour ou celui de la nuit sont, habituellement, plus fortes que les autres et leur flux monte plus haut.

» À des intervalles de temps égaux, une ledo s’interpose toujours [entre deux malinæ.

» Mais où se retire ce flux qui se produit avec une persévérance

  1. Augustini Op. laud., lib. I, cap. VII ; éd. cit., col. 2159.
  2. Au lieu de malinœ, le texte porte mediœ.