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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome III.djvu/256

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L’ASTRONOMIE DES SÉCULIERS

IV

GUILLAUME D’AUVERGNE, ÉVÊQUE DE PARIS

À peine les traductions faites par Michel Scot eurent-elles révélé les doctrines aristotéliciennes aux Chrétiens d’Occident, qu’un champion se dressa, parmi eux, pour défendre l’orthodoxie menacée ; ce champion fut Guillaume d’Auvergne, né à Aurillac, qui occupa pendant vingt ans le siège épiscopal de Paris.

« Guillaume d’Auvergne [1], élevé au siège épiscopal de Paris en 1228, mourut en 1248, selon les historiens ecclésiastiques et les auteurs de la Gallia christiana. La fondation de Sainte-Catherine de la Couture, la dispersion de l’Université en 1229, l’érection de la chaire de Théologie chez les Franciscains et les Dominicains, l’admission des frères mendians au partage des honneurs académiques, le partage des bénéfices, objets de disputes très vives, enfin, ce qui nous intéresse le plus ici, la propagation des doctrines des philosophes grecs et arabes développées avec éclat par Albert le Grand, Alexandre de Halès, Robert, évêque de Lincoln, etc. ; tels sont les grands événements qui font de l’épiscopat de Guillaume d’Auvergne l’une des époques les plus intéressantes de l’histoire ecclésiastique de la France. »

Guillaume d’Auvergne ne s’est pas borné à présider à ce mouvement intellectuel intense qui se développa vers l’an 1230 et qui eut Paris pour centre ; il a pris part à ce mouvement, et d’une manière très active, par ses propres ouvrages ; mieux encore, on doit le regarder comme un initiateur ; il est le premier qui se soit emparé de la Philosophie et de la Science grecques et arabes importées par les traducteurs et, particulièrement, par Michel Scot ; il est le premier qui ait tenté d’épurer ces doctrines, de rejeter ce qu’elles contenaient de contraire à la foi chrétienne, de fondre le reste avec les enseignements de l’Eglise afin d’en composer une synthèse propre à satisfaire la raison catholique ; il a ouvert la voie où devaient marcher, avec plus ou moins d’audace, la plupart des grands scolastiques du xnie siècle.

  1. Jourdain, Recherches critiques sur l’âge et l’origine des traductions latines d’Aristote, Paris, 1819 ; pp. 316-317. La notice sur Guillaume d’Auvergne, qui occupe, en cet ouvrage, les pp. 316 à 329, est d’un grand intérêt.

    Voir aussi, sur ce personnage :

    Noël Valois, Guillaume d’Auvergne, Évêque de Paris (1228-1249). Sa vie et ses ouvrages, Paris, 1880.