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L’ASTRONOMIE DES SÉCULIERS


Guillaume l’Anglais qui avait composé un abrégé de la Saphea dAl Zarkali, avait également écrit un traité propre à faire connaître aux Latins les Canons sur les tables de Tolède du grand astronome arabe.

Nous voyons ainsi Guillaume l’Anglais reprendre l’œuvre qu’avait tentée, dès 1141, ce Marseillais anonyme auquel nous devons le Liber cursuum planetarum, et faire connaître aux Latins les canons, les tables, les instruments par lesquels les Arabes ont fait progresser l’Astronomie pratique. En cette œuvre, d’ailleurs, Guillaume l’Anglais aura, à Marseille et a Montpellier, des imitateurs, en sorte que ces deux villes vont être comme la porte par où pénétrera, dans la Chrétienté latine, l’œuvre accomplie par Al Zarkali et par les auteurs des Tables de Tolède.

Le traité sur les Canons d’Al Zarkali n’épuise pas la liste des ouvrages astronomiques produits par Factif médecin de Marseille.

Guillaume avait composé (et c’est peut être la plus importante de scs œuvres astronomiques) un abrégé de VAlmageste, dans lequel il insistait d’une manière toute particulière sur les principes qui permettent de construire des tables astronomiques. Cette théorie des planètes se trouve dans un manuscrit de la Bibliothèque Nationale [1] sous le titre : Astrologia W. Marsiliensis. Ce même texte se peut lire en un manuscrit d’Erfurt [2], où il se termine par ces mots : Explicit astr. mag. Willel. civis Massil.

L’Astrologie de Guillaume l’Anglais n’est point sans présenter, dans son plan et dans ses proportions, certaines analogies avec la Théorie des planètes de Gérard de Crémone ; mais, en bien des endroits, se marque l’époque qui Fa vue naître.

De tous les traités astronomiques publiés en la Chrétienté latine, l’Astrologie de Guillaume de Marseille est le premier où nous trouvions, au sujet des dimensions du système solaire, la théorie que les astronomes grecs avaient imaginée et qu’Al Fereani avait enseignée à tous les auteurs arabes. Au De Universo de Guillaume d’Auvergne, nous avions perçu comme un vague reflet de cette théorie ; nous en trouvons ici l’exposé formel [3] :

« N’oublions pas que chacune des planètes a un orbe épais et

1. Bibliothèque Nationale, fonds latin, ms. n° 7.298. Fol. 11, col. d : Incipit astrologia W. Marsiliensis. Quoniam astrologie speculatio prima figurant ipsius applanos et motus attendit… Fol. 124, col. d : Et cetera de motibus que docentur in ipso auctore. Explicit Astrologia Massiliensis.

2. Steinschneïder, Etudes sur Zarkali (Bulletino.. da B. Boncompagni, t. XX, 1887, p. 579).

3. Aslrologia Massiliensis, cap. VI. Bibliothèque Nationale, fonds latin, ms. n° 7.298 ; fol. 116, col. d.

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