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L’ASTRONOMIE DES SÉCULIERS

Ce passage nous montre que Robert l’Anglais concevait les corps intermédiaires entre les orbes comme Thâbit ben Kourrah l’avait proposé, au dire de Moïse Maïmonide et d’Albert le Grand. Il ne semble pas connaître les orbes solides agencés par les Hypothèses des Planètes, bien que Roger Bacon ait, depuis quatre ans déjà, connaissance de ce mécanisme ; bien qu’à ce même moment, le rabbin Profatius entreprenne, peut-être à Montpellier, la traduction hébraïque du Résumé d’Astronomie d’Ibn al Haitam, où ce mécanisme est exposé.

Ce que Robert pense de la fluidité de la matière céleste ne lui peut faire attribuer grande importance à la querelle que les physiciens aristotéliciens et averroïstes ont cherché aux mathématiciens ptoléméens. Aussi, de cette querelle qui tient tant de place, à cette époque, dans les écrits des grands scolastiques de Paris, se borne-t-il à signaler l’existence : « Au sujet de ces orbes, dit-il [1], il y a contradiction entre les physiciens (naturales} et les mathématiciens ; les physiciens, en effet, supposent que tous les orbes sont concentriques [2], et les mathématiciens, non ».

Bien d’autres discussions moins importantes n’ont qu’un faible écho dans les gloses de Robert l’Anglais. Ainsi, au sujet de la variation des équinoxes, nous l’avons entendu signaler la différence entre la théorie de Ptolémée et la théorie de Thâbit ben Kourrah ; il nous promettait alors de revenir à cette question ; mais il n’a pas tenu sa promesse.

L’existence d’une neuvième sphère, que les tenants de ces deux théories admettaient également, ne lui parait pas fort assurée ; l’argument invoqué en faveur de cette existence, et tiré du principe péripatéticien qu’un orbe unique ne peut avoir en propre deux rotations différentes, apparaît singulièrement déformé dans son écrit ; peut-être, en cette déformation, faut-il reconnaître l’influence de certaines pensées de Michel Scot.

« Il y a neuf orbes, dit Robert [3] ; cependant, je n’ai rencontré ni en Mathématiques ni en Physique d’autorité bien certaine pour affirmer qu’il y en a plus de huit. Toutefois, si l’on compare les raisons mathématiques avec les raisons physiques, il semble bien qu’il doive y avoir une neuvième sphère. Voici comment cela se met en évidence : La Physique veut qu’en tout genre de choses, on puisse trouver un minimum auquel se réduisent

1. Ro. Anglicus, loc, cit., ms. cit., fol. 4» col. d.

2. Au lieu de : concentrici, le texte porte : eæcentrici.

3. Magistti Ro. Anglici Op. laad.t cap. I, glosa I, ad secundam quæstio* nem ; ms. cit,, fol. Zj, col. d, et fol. 5, col. a.

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