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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome III.djvu/355

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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE


l’intermédiaire d’Albert. Cela se reconnaît encore dans l’exposé qu’il donne[1] de ce système.

« Avenalpetras suppose que le Ciel entier se meut par un seul premier mouvement qui est plus fort dans le mobile immédiatement contigu au moteur que dans le mobile suivant, plus fort dans le second mobile que dans le troisième et ainsi de suite. Le premier mobile accomplit donc, chaque jour, un mouvement qui le ramène de point en point à sa position initiale. Le second mobile et les mobiles inférieurs n’accomplissent pas, en un jour, une révolution complète ; il reste, au bout de la journée, une partie de cette révolution à parcourir ; il en reste une partie égale le jour suivant, et ainsi de suite. Ces défauts répétés donnent aux planètes, selon Avenalpetras, un mouvement apparent d’Occident en Orient, alors qu’elles ne se meuvent nullement de la sorte. Quant aux mouvements variés des planètes, le même astronome prétend qu’ils proviennent de la diversité des pôles et des cercles ».

Dans cet exposé de la doctrine d’Al Bitrogi, qui est visiblement tiré des écrits d’Albert le Grand, il est fait complète abstraction de ce mouvement propre des orbites inférieures que l’astronome arabe nomme mouvement complémentaire ; le système d’Alpétragius est faussement présenté comme faisant dépendre tous les mouvements célestes d’un moteur unique.


III
SAINT THOMAS D’AQUIN

Saint Thomas d’Aquin avait été élève d’Albert le Grand. Dans ses premiers écrits, tel que son commentaire aux Sentences, l’influence du maître est souvent très visible Mais, plus tard, Thomas se mit à penser par lui-même et, bien souvent, sa pensée s’éloigna fort de celle d’Albert.

Ces démarches de la doctrine professée par le Doctor communis (c’est le surnom que les Écoles du Moyen Âge donnaient à Thomas d’Aquin) sont bien sensibles dans ce qu’il a professé au sujet des systèmes astronomiques.

Nous trouvons, en effet, dans l’Écrit sur les Sentences, un pas-

  1. Vincent de Beauvais, Op. laud., lib. III, cap. X.