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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome III.djvu/61

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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE


tion, sont d’une nature exclusivement corporelle. Entre les uns et les autres se trouvent les éléments catholiques. « Ceux-là ne sont pas entièrement de nature corporelle, car pour former les corps, il faut qu’ils soient corrompus par leur mutuelle union ; ils ne sont pas non plus absolument exempts de cette nature, puisque tous les corps proviennent d’eux et se résolvent en eux. On ne peut pas davantage dire qu’ils soient pleinement spirituels, puisqu’ils ne sont pas tout à fait exempts de nature corporelle ; cependant, ils sont esprits en quelque mesure, puisqu’ils subsistent par des causes primordiales qui sont purement spirituelles. »

Au travers de cette hiérarchie formée par les causes primordiales, les éléments universels et les corps mixtes, se produit un continuel mouvement de synthèse, d’analyse, de transmutation [1] : « Les causes descendent pour se transformer en éléments, les éléments en corps ; à leur tour, les corps dissociés rejaillisent, par l’intermédiaire des éléments, jusqu’aux causes primordiales ; enfin les corps eux-mêmes se transforment les uns dans les autres ».

Les éléments simples ou catholiques sont au nombre de quatre [2] : « Les Grecs les ont nommés πῦρ ἀὴρ, ὕδωρ, γῆ, c’est-à-dire feu, air, eau et terre, du nom des quatre grands corps qui sont formés au moyen de ces éléments ».

Mais ces éléments ne servent pas seulement à former notre feu, notre air, notre eau, notre terre et les corps plus petits en lesquels se divisent ces quatre grands corps ; ils forment aussi le Ciel et les corps célestes [3] : « Ces corps, en effet, que nous nommons célestes et éthérés, semblent être spirituels et incorruptibles ; cependant, comme leur existence a eu pour commencement la génération et la composition, ils arriveront certainement un jour à la dissociation et à la destruction ».

Ainsi [4] « ces quatre éléments simples, absolument purs, inaccessibles à tout sens corporel, sont répandus partout ; en se compénétrant les uns les autres d’une manière invisible, en s’unissant selon certaines proportions, ils forment tous les corps sensibles, les corps éthérés et les corps aériens aussi bien que les corps aqueux et les corps terrestres, les grands corps aussi bien que les corps de moyenne dimension et les corps plus petits.

1. Scot Érigène, Op. Içud., lib. III, 26 : éd. cit., col. 696.

2. Scot Érigène, Op. faad., lib. IH, 3a ; éd. cit., col. 7x2.

3. Scot Érigène, Op. laud.t lib, 111, 27 ; éd. cit., col. 701.

4. Scot Érigène, Op. laud., lib. III, 3a ; éd. cit., col. 7x2.

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