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L’ASTRONOMIE PARISIENNE. — II. LES PHYSICIENS

avait déjà dit[1], au sujet de ce second traité : « La même opinion est soutenue dans une autre dissertation… que nous attribuons sans hésiter, bien qu’elle soit anonyme, à Jean de Jandun. »

En effet, dans ses Questions sur le traité de l’Âme, Jean de Jandun cite successivement[2] son premier traité du sens actif (sicut ostendetur in primo Tractatu de sensu agente) et son second traité sur le même sujet (quæ omnes solutæ sunt in secundo Tractatu de sensu agente).

Il est donc clair que les Quæstiones in libros de anima sont postérieures aux deux traités Sur le sens actif, partant à l’année 1310. C’est par une erreur manifeste qu’un manuscrit donne ces questions comme achevées en l’année 1300 [3].

Que nous reste-t-il pour fixer le temps où Jean de Jandun a composé ses volumineux commentaires péripatéticiens ? Des conjectures.

Nous en avions émis une : « Lorsque Jean de Jandun, disions-nous[4] au cours de ses questions sur le De Cælo, cite Saint Thomas d’Aquin, il le nomme : frater Thomas ; lorsqu’il discute les doctrines du même docteur en ses questions sur la Physique, il le nomme : sanctus Thomas ; or c’est en 1323 que Jean XXII canonisa Thomas d’Aquin ; nous en pouvons donc conclure que le premier de ces deux écrits a été composé avant cette date et le second après ». Mais nous avons reconnu depuis que les Questions sur la Métaphysique disent tantôt : frater Thomas, tantôt : sanctus Thomas. Il faut donc admettre ou bien que Jean de Jandun, écrivant après 1323, continuait parfois à donner au Docteur Angélique le titre peu déférent de frater Thomas ; ou bien qu’il écrivait avant 1323 et que, plus tard, ceux qui ont copié ou imprimé ses œuvres y ont souvent substitué les mots : sanctus Thomas aux mots : frater Thomas.

Cette dernière hypothèse est, assurément, la plus vraisemblable. De 1323 au 24 juin 1324, Jean de Jandun compose le De laudibus Silvanecti, le De laudibus Parisius et le Defensor pacis.

  1. B. Hauréau, Notice sur le numéro 16089 des manuscrits latins de la Bibliothèque Nationale (Notice et extraits des manuscrits de la Bibliothèque Nationale, t. XXXV, première partie, 1896, p. 229).
  2. Joannis de Janduno Quœstiones super tres libros Aristotelis de Anima ; lib. II, quæst. XVI. Venetiis apud Iuntas. Anno MDLII. Fol. 35, col. c, et fol. 37, col. a. Dans certains manuscrits, la rédaction de ce dernier passage est différente ; elle porte : Reliquæ autem consideratæ sunt in duobus Tractatibus de sensu agente quos ordinavi contra islam positionem (Noël Valois, Op. laud., pp. 529-530).
  3. Noël Valois, Op. laud, loc. cit.
  4. P. Duhem, Le mouvement absolu et le mouvement relatif, XII. Jean de Janduu (Revue de Philosophie, septième année, XII, 1908, p. 387).