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L’ASTRONOMIE PARISIENNE. — II. LES PHYSICIENS

déterminée, La nuit suivante elle devrait précéder cette étoile vers l’Orient. Mais, en beaucoup de planètes, nous observons parfois le contraire ; elles reculent vers l’Occident ; il faut donc, outre le mouvement de leurs sphères, supposer en elles un mouvement rétrograde ; c’est le mouvement qui se fait sur l’épicycle, et qui peut être rétrograde, stationnaire ou direct. »

Contre le système auquel il accorde ses préférences, Durand voit se dresser les objections accoutumées.

Ce système entraîne la division du ciel incorruptible ; il attribue aux astres des mouvements différents du mouvement circulaire qui, seul, convient à l’essence céleste. Voici ce que répond notre auteur :

« Au premier argument, il faut répliquer que le ciel n’est pas divisé par cela seul qu’on admet que le mouvement propre des planètes se fait en des excentriques et des épicycles, pourvu qu’on se fasse, de ce mouvement, une juste image (bona imaginatio) ». Cette bona imaginatio, que Durand s’empresse de décrire sommairement, c’est celle qu’ont enseignée les Hypothèses des planètes, Ibn al Haitam et Bernard de Verdun. « En supposant qu’il en est ainsi, il n’est plus nécessaire que le ciel soit divisé. »

D’ailleurs, notre auteur ne s’effrayerait pas d’admettre que la matière céleste put être divisée par un astre en mouvement. « La division, en effet, n’acheminc pas vers la destruction, à moins que la partie séparée ne soit moins apte à résister à un agent contraire que si elle demeurait unie au tout ; mais il n’y a point d’agent qui soit contraire au ciel ; continu donc ou divisé, il ne sera pas détruit. »

Une telle affirmation qui permettrait de composer le ciel d’un éther fluide, comme le voulait Ptolémée, nous entraîne bien loin des principes de la Physique péripatéticienne. Il en est de même des réponses que Durand de Saint-Pourçain fait à cette objection : Un mouvement non-circulaire serait contraire à la nature du Ciel.

« Le mouvement du Ciel, dit-il, n’est pas naturel, ainsi que nous l’avons montré dans la précédente question ; rien n’empêche donc la planète de se mouvoir d’un mouvement autre que le mouvement circulaire ; ce ne sera pas un mouvement contre nature ; ce sera un mouvement extra-naturel (præter naturam). D’ailleurs, lorsqu’on admet qu’une planète se meut seulement des mouvements de son excentrique et de son épicyele, on ne trouve en elle aucun mouvement qui ne soit circulaire ; l’excentrique se meut circulairement et l’épicycle aussi, Il en serait autrement si