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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE

matière du ciel, il écrit [1] : « Et ixta est conclusio quam fecimus in nostro exaemeron de opere sex dierum. » Il écrit encore un peu plus loin [2] : « Ut patte ex nostro exaemeron. » D’autre part, dans l’Opus hexaemeron, nous l’entendons citer le Commentaire au Second livre des Sentences, où cet ouvrage se trouve lui-même cité : « Ut in quæstionibus nostris super Secundo Sentenfiarum, ubi de immaterialitatle angelorum tractavimus, diffusius diximus [3]. » — « Quam opinionem in præcedenti capitulo credimus sufficienter improbasse, et in quæstionibus nostris super Secundo Sententiarum [4]. » L’Opus hexaemeron et le Commentaire au Second livre des Sentences sont donc deux ouvrages que Gilles a rédigés simultanément. Achevés après 1309, ils sont plus anciens, probablement, que les traités de Jean de Jandun et, très certainement, que le Commentaire aux Sentences composé par Durand de Saint Pourçain ; mais les pensées qu’ils renferment sont plus neuves, sinon plus récentes, que celles dont s’inspirent ces derniers ouvrages ; il est donc naturel que nous les étudiions après eux.

Comme le Scriptum super Secundo libro Sententiarum, l’Hexaemeron de Gilles de Rome a été imprimé à plusieurs reprises ; on cite, notamment, les éditions données à Venise, en 1521, à Padoue, en 1549, enfin à Rome, en 1555. C’est à cette dernière [5] que nos citations se rapporteront.

Après avoir établi par des raisons théologiques l’existence d’un ciel suprême immobile, l’Empyrée, Gilles de Rome traite à plusieurs reprises du mouvement de la huitième sphère, qui contient les étoiles fixes, et des sphères inférieures, qui portent les astres errants. Dans le débat qui a mis aux prises l’Astronomie des sphères homocentriques et l’Astronomie des excentriques et des épicyles, il n’hésite pas à prendre parti pour cette dernière, et cela parce qu’il ne voit pas le moyen, sans le secours de cette Astronomie, de sauver les apparences, C’est, d’ailleurs, de Simplicius qu’il s’inspire lorsqu’il prend ainsi l’observation pour juge suprême du conflit ; et il n’a garde de nous le cacher.

« Il faut remarquer, dit-il [6], que nous prétendons qu’il existe

  1. Ægidii Romani Op. laud., Dist. XII, pars II, quæst. III : De materia per comparationem ad corpora cælestia ; éd. cit., fol. 226, col. b.
  2. Ægidii Romani Op. laud., Dist. XII, pars II, quæst. IV : De materia per comparationem ad suam unitatem ; éd. cit., fol. 228, col. a.
  3. Ægidii Romani Opus hexameron, lib. I, cap. IV.
  4. Ægidii Romani Opus hexameron, lib. I, cap. V.
  5. D. Ægidii Romani Ordinis Fratrum Eremitarum Sancti Augustini Archiepiscopi Bituricensis Opus hexaemeron Nunc denuo longe quam antea cum emendatius, tum diligentius, excuissum. Romae, Apud Antonium Bladum, MDLV.
  6. Ægidii Romani Op. laud., Prima pars, cap, XI ; éd. cit., fol, 15, col. d.