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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE

que nous observons dans les mouvements des planètes, sans admettre ni excentrique ni épicycle, il serait plus facile de faire cette hypothèse, et nous dirions qu’il la faut faire ; mais le Soleil et les autres planètes sont tantôt à l’auge, tantôt au Nadir ou opposé de l’auge ; tantôt, en effet, ces astres sont plus éloignés de la Terre et tantôt ils en sont plus rapprochés ; en outre, la marche de certaines planètes est tantôt directe et tantôt rétrograde ; pour sauver ces apparences, nous sommes contraints, de toute nécessite, de poser l’existence d’excentriques et d’épicycles. C’est pourquoi Simplicius croit que les négateurs des excentriques, alors même qu’ils parviendraient à sauver les apparences, ne pourraient sauver celle-ci : Nous voyons que le Soleil tantôt s’éloigne plus de la Terre et tantôt s’en approche davantage. Nous sommes donc forcés d’admettre les excentriques et les épicycles. »

Guidé par ce principe : Les hypothèses doivent sauver les apparences aussi simplement que possible, Gilles de Rome propose ou accueille (car nous ne savons s’il l’a imaginée) une intéressante modification à l’agencement d’orbes solides emprunté aux Hypothèses des planètes par Alhazen et, après lui, par Bacon, par Bernard de Verdun et par leurs imitateurs.

Ibn al Haitam et ceux des chrétiens qui, comme Roger Bacon et Bernard de Verdun, ont exposé son système, attribuent à chaque astre errant au moins trois orbes.

L’orbe déférent, qui contient la planète ou la sphère épicycle, est compris entre deux surfaces sphériques concentriques entre elles, mais excentriques au monde. Cet orbe déférent est contigu à deux corps solides qui l’encastrent. Chacun de ces deux solides est borné par deux surfaces sphériques excentriques l’une à l’autre. L’ensemble de ces trois orbes est ainsi délimité par deux surfaces sphériques concentriques au Monde ; par la plus petite de ces surfaces, il confine au ciel de la planète immédiatement inférieure ; par la plus grande, il est contigu à l’un des orbes de la planète immédiatement supérieure.

Selon Gilles de Rome, il est possible de simplifier grandement cet organisme.

La planète ou la sphère épicycle qui contient cette planète se trouvera encore enchâssée dans la masse d’un corps déférent ; mais ce déférent n’aura plus la forme d’une couche comprise entre deux sphères concentriques ; il aura la figure d’un tore dont le cercle de gorge sera excentrique au Monde. Ce tore remplira une cavité exactement moulée sur lui, au sein de laquelle il pourra tourner autour de son centre. Cette cavité sera creusée dans la