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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE


quelle manière on pourrait modifier, simplifier ces mécanismes. Il en est, d’autre part, parmi les maîtres parisiens, qui sont, avant tout, astronomes ; le perfectionnement des instruments et des méthodes d’observation, la construction des tables et des canons, la discussion du degré d’exactitude auquel s’accordent les calculs tabulaires et les résultats observés, tels sont les objets préférés de leurs recherches. La nature même des hypothèses leur importe peu, pourvu qu’elles sauvent correctement les phénomènes.

Nous allons, tout d’abord, écouter les astronomes de l’Université de Paris, continuateurs presque immédiats de Campanus de Novare.


II
JEAN DE SICILE

S’il nous fallait désigner la qualité qui nous paraît donner à ces astronomes leur caractère le plus saillant, nous nommerions le sens critique.

Des Arabes, ils reçoivent les systèmes astronomiques et les tables que ces systèmes ont permis de dresser ; mais ils n’acceptent sans examen ni ces systèmes ni ces tables ; ils soumettent à la discussion les principes sur lesquels reposent ceux-là, au contrôle de l’observation les prévisions qu’on peut déduire de celles-ci ; en un mot, ils ne sont pas disciples servilement dociles de la Science musulmane, mais bien continuateurs originaux et censeurs avisés.

Vers latin du xiiie siècle, les Tables Alphonsines n’avaient pas encore accès, semble-t-il, auprès des astronomes parisiens ; les Tables de Tolède, dressées par Al Zarkali, étaient celles qu’ils regardaient comme Les plus modernes ; mais elles étaient fort loin de leur sembler irréprochables ; ils révoquaient en doute la théorie du mouvement d’accès et de recès de la huitième sphère, sur laquelle res tables étaient fondées ; et leurs observations mettaient en évidence l’inexactitude des résultats qu’on en pouvait déduire.

Un manuscrit de la Bibliothèque Nationale conserve[1] un écrit intitulé : Expositio Joannis de Sidlia super canones Arzacheiis facta Parisius anno Christ 1290. Cet ouvrage n’est pas simple-

  1. Bibliothèque Nationale, fonds latin, ms. no 7281, fol. 46, ro, à fol. 138, ro. Les mots : non est finis, par lesquels se termine ce texte, nous annoncent qu’il est incomplet.