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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE

planetarum et qui s’achève par ceux-ci ; Complete sunt quedam demonstrationes super theorica planetarum que admodum utiles sunt. Cet ouvrage n’est pas formellement attribué à Campanus de Novare ; mais il est immédiatement précédé du Tractatus de sphæra solida composé par le chapelain d’Urbain IV, tandis que le Tractatus de sphæra et le Computus major du même auteur le suivent aussitôt. Il est clair qu’il s’agit d’un traité attribué au Commentateur d’Euclide et compris habituellement dans la collection de ses œuvres astronomiques. C’est, à n’en pas douter, celui qui s’intitulait, dans la bibliothèque d’André Stiborius : Demonstrationes Campani super theoricas.

Ces Conclusions sur les théorie des planètes se présentent sous forme d’une longue série de théorèmes ; chacun de ces théorèmes est accompagné d’une démonstration, souvent fort courte. L’ouvrage est un commentaire à la Théorie des planètes de Gérard de Crémone, qui est toujours désigné par les mots : Auctor théoricæ, de même que Joannes de Sacro-Bosco l’est par ceux-ci : Auctor sphæræ

Au premier abord, il semble assez singulier que Campanus de Novare ait écrit sur la théorie des planètes deux ouvrages distincts, entre lesquels on ne relève aucune partie commune, et sans qu’aucune allusion à l’un de ces deux ouvrages se puisse lire en l’autre.

Cette remarque conduirait déjà à penser que les Dmonstrationes super theorica planetarum ne sont pas du Chapelain d’Urbain IV. Une autre observation vient bientôt donner plus de force à cette première impression. Les Demonstrationes citent [1] les Tables Aphonsines. Or, comme nous l’avons vu au Chapitre précédent, les Tabulæ Alfonsii paraissent n’être venues aux mains des astronomes latins qu’aux dernières années du xiiie siècle, après la mort de Campanus.

Nous sommes donc fondés à croire que les Demonstrationes super theorica planetarum ne sont pas l’œuvre du Géomètre de Novare et qu’elles n’ont pas été écrites avant le début du XIVe siècle.

Au cours des Demonstrationes, la théorie des orbes solides d’Ibn al Haitain, que nous avons lue dans le Tractatus super totam Astrologiam de Bernard de Verdun et dans l’Expositio super Canones Azarchelis de Jean de Sicile, est modifiée et précisée.

  1. Demonstrationes super theorica planetarum, édit, cit , fol. 145, col. d ; fol. 152. Coll. a et b.