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L’ASTRONOMIE PARISIENNE. — II. LES PHYSICIENS

M. Jacques Rosenthal, libraire à Munich. Il commence, sans aucun titre, par ces mots : « Cum inferionum (sic) cognitio ad celestium conducat inquisicionem… » Il se termine par cette phrase : « Sed sufficit modo nunc in generali letigisse modum. » Aussitôt après cette phrase, en effet, se lit la mention : Explicit tractatus. Pas plus que de titre, nous ne trouvons d’indication qui nous fasse connaître le nom de l’auteur. Mais la date de composition du traité peut être fixée d’une manière approximative et probable. Au dernier chapitre, dans l’avant-dernière colonne du texte, l’auteur parle d’une éclipse observée au mois de mai de l’an 1362 ; il est vraisemblable que la rédaction de son traité a suivi de près cette observation.

Le texte est divisé en chapitres dont les débuts sont marqués par des lettres capitales enluminées ; on compte onze de ces chapitres.

Le petit traité que nous proposons d’analyser pourrait se subdiviser en doux parties, une pars désir tiens et une pars œdificans ; dans la première, l’auteur élève des objections contre le Système de Ptolémée ; dans la seconde, il esquisse sommairement son propre système.

Après un exposé rapide des principes astronomiques admis par Ptolémée et par ses partisans, « il nous reste maintenant, poursuit notre auteur[1], à développer nos raisons contre la supposition des excentriques et des épicycles, et, en premier lieu, contre les épicycles ; ce sont eux, en effet, qu’il paraît le plus vraisemblable d’admettre ; ils ont une plus grande évidence, si l’on suppose que l’opinion de ceux qui les admettent dit ceci : Lorsqu’on calcule l’épaisseur des orbes, la plus grande distance de la Lune est la plus petite distance de Mercure, et la plus grande distance de Mercure est la plus petite de énus ; c’est ce qu’on trouve en la XXIIe différence d’Alfraganus ; la même chose se lire de Campai lits, en sa Théorique ; ils infèrent de là qu’il n’y a pas de vide entre les sphères. De ce même principe, résulte cette conséquence qui présente un grand inconvénient : Deux planètes, quelconques d’ailleurs, qui se succèdent immédiatement pourraient se toucher immédiatement par contiguïté. »

À l’hypothèse des épicycles, notre auteur fait une objection qui serait plus grave si elle était fondée ; il lui semble qu’elle entraîne, pour la distance de chacune des planètes à la Terre, des variations beaucoup trop grandes, et hors de proportion avec les

  1. Op. laud, Cap, III "i ; ms. cit., fol. 92, col. d.