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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE

changements d’éclat et de diamètre apparent de cette planète.

Cette objection, d’ailleurs, vaut aussi bien contre l’hypothèse des excentriques et, d’une manière générale, contre l’ensemble du système de Ptolémée. « J’arrive, dit l’opuscule que nous analysons[1], aux raisons qui contredisent cette antique fantaisie des excentriques ; si elle était véritable et conforme à l’avis approuvé par ceux qui l’admettent, La Lune se trouverait, au moment de la pleine lune, plus éloignée de la Terre que dans les quadratures, alors qu’elle n’est qu’à moitié éclairée, et la première distance serait plus des 3/2 de la seconde, ce qui est faux. »

De nombreuses citations de l’Astronomie de Géber nous font connaître la source à laquelle notre auteur avait puisé sa critique du système de Ptolémée. Il ne nous cache pas, d’ailleurs, son admiration pour cet Arabe[2] ; « Tout cela, écrit-il, est tiré des dires de Géber qui, pour les démonstrations, est réputé comme plus grand, peut-être, que Ptolémée ; cela se manifeste au cours de son traité, où il montre maintes fois que Ptolémée s’est trompé. »

Notre auteur, toutefois, ne se contente pas d’élever, contre F hypothèse des excentriques, ces objections astronomiques ; il y joint[3], en achevant sa critique, l’objection essentielle que formulait la Physique péripatéticienne : « Il en résulte qu’il existerait un certain corps simple qui ne pourrait être mû d’un mouvement simple ; la Philosophie tout entière proclame le contraire (cujus oppositum clamat tota Philosophia) ; à chaque corps mobile, en effet, la nature assigne un mouvement conforme à la qualité de ce corps ; c’est dire qu’à un corps simple, elle assigne un mouvement simple : or la simplicité du mouvement des cercles s’apprécie selon (attenditur penes) la circulation concentrique au Monde, circulation qui ne peut avoir aucun excentrique ni épicycle ; on a donc la proposition énoncée. »

Après avoir exposé ces diverses objections, notre auteur entreprend[4] de réfuter les motifs donnés par Ptolémée et ses partisans en faveur des excentriques et des épicycles ; la discussion est véritablement escamotée ; citmis-en seulement la conclusion[5] :

« De tout cela, on conclut que les lieux des planètes, comparés par l’observation faite avec les instruments, diffèrent notablement des situations de ces mêmes planètes, déterminées au moyen des

  1. Op. laud., Cap. VIm ; ms. cit., fol. 97, col. d.
  2. Op. laud., Cap. VIm ; ms. cit., fol. 99, col. d.
  3. Op. laud., Cap. VIm ; ms. cit., fol. 101, col. d.
  4. Op. laud., Cap. VIIm ; ms. cit., fol. 101, col. d, à fol. 103, col. a.
  5. Op. laud., Cap. VIIm ; ms. cit., fol. 103, col. a.