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L’ASTRONOMIE PARISIENNE. — II. LES PHYSICIENS

tables. Par suite de la diversité qu’on a reconnue entre ces deux positions, il se trouve qu’on doit ajouter aux équations des planètes ou en retrancher plusieurs irrégularités qu’on attribue aux excentriques, mais qui, comme nous l’avons dit, proviennent d’ailleurs. »

« Afin, poursuit notre auteur anonyme [1], que je ne paraisse pas détruire simplement., sans rien construire, il me reste à faire une construction spéciale des mouvements célestes sans faire appel aux difformités des excentriques et des épicycles. »

Tout le monde, remarque-t-il, convient d’admettre une sphère suprême chargée de communiquer le mouvement diurne à toutes les autres. « Mais, outre ce mouvement, on reconnaît aux étoiles fixes un double mouvement, savoir le mouvement d’accès et de recès et le mouvement qu’elles font en sens contraire [du mouvement diurne] et qui est, en cent années, d’un degré à peu près vers l’Orient ». L’un de ces deux mouvements doit être le mouvement propre des étoiles fixes et l’autre un mouvement d’emprunt qu’elles tiennent d’une sphère plus élevée.

Au cours de la discussion, assez confuse, qu’il développe [2] au sujet du mouvement des étoiles fixes, notre auteur cite les Tables Alphonsines ; elles sont invoquées, d’ailleurs, d’une manière générale et comme en gros, sans qu’aucun nombre précis soit jamais mentionné ; notre astronome ne se pique évidemment pas d’exactitude dans le détail ; bien qu’il paraisse, ici, admettre le système des Alphonsins, il conservait, au Chapitre précédent, la grandeur de la précession évaluée par Ptolémée.

Jusqu’ici, l’opuscule que nous analysons ne nous a proposé, au sujet des mouvements astronomiques, rien qui fût nouveau ; les chapitres qui vont innover sont précédés d’une déclaration, et cette déclaration est, sans aucun doute, ce que le traité considéré contient de plus intéressant :

« Admettons [3] d’après ce qui a été dit ci-dessus, que l’imagination des excentriques et des épicycles a été introduite il y a fort longtemps, uniquement afin qu’on trouvât plus commodément et d’une manière plus convenable les mouvements divers qu’on expérimentait dans les planètes ; on les trouvait, en effet, par ce procédé ; les astronomes ne pouvaient inventer un meilleur moyen de trouver les lieux des planètes ; et aujourd’hui même, étant donnée l’habituelle diversité des mouvements des astres, et quel

  1. Op. laud., Cap. VIIIm ; ms. cit., fol. 103, col. a.
  2. Op. laud., Cap. IXm ; ms. cit., fol. 103, col. b, c, d.
  3. Op. laud., Cap. Xm ; ms. cit., fol. 104, col. a.