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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE

que soit, d’ailleurs, le mouvement dont les orbes se meuvent en réalité, on n’inventerait pas de procédé meilleur que d’introduire la variation des équations, des images, des auges moyennes et vraies, des moyens mouvements et de toutes choses du même genre ; lorsque nous calculons sur ces imaginations, nous trouvons réellement les lieux que les planètes occupent dans le firmament. Et cependant, il n’est pas nécessaire pour cela que les mouvements des astres soient réellement conformes à ce qu’exigent ces imaginations ; il pourrait se faire que les diversités qui se sont déjà produites dans les mouvements désastres continuassent à se produire toujours de la même manière, et que ces mouvements se fissent réellement suivant une autre imagination sur laquelle je me fonde à présent ; et cela, cependant, bien que les lieux des planètes ne puissent être trouvés par le calcul aussi commodément et aussi rapidement que si le mouvement était conforme à ce qu’exige l’autre imagination, dont il est parlé ci-dessus. C’est donc à juste titre que les tables ont été exécutées en se fondant sur cette dernière imagination, et aussi, par conséquent, toutes les figures des théories des planètes, Voilà la cause pour laquelle il est si communément, et plus que communément admis que les diversités des mouvements planétaires sont sauvées à l’aide des excentriques et des épicycles ». Afin d’expliquer comment d’autres hypothèses permettraient également bien de sauver les mêmes mouvements apparents, l’auteur a recours à un exemple qu’il emprunte à l’Optique ; malheureusement, la concision du texte et l’absence de la figure qui le devait éclaircir rendent malaisée l’interprétation de ce passage.

Notre auteur professe donc, au sujet de la valeur des hypothèses astronomiques, une opinion toute semblable à celle que formulaient Thomas d’Aquin, Jean de Jandun et Jean Buridan. L’assurance de sa pensée et, surtout, la rareté des manuscrits où l’expression s’en peut lire, nous engage à reproduire ici le texte latin dont nous venons de donner la traduction :

« Ex anledictis supponatiir ymaginationem ecentricorum et epicyclorum esse introductam ab antiquo solummodo propter commodiosiorem et convenientiorem inventionem motuum diversorum qui in p/anetis experiehantur, quia per istum (?) modum [inveniebantur] ; et meliorem modum inveniendi loca planetarum non poterant invenire, nec hodierno die inveniretur, stante solita diversitate motuum superiorum, quocunque etiam motu orbes moveantur in rei veritate, sicut introducta variatio equationum, ymaginum, et augium mediarum et verarun, et mediorum motuum, et