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L’ASTRONOMIE PARISIENNE. — II. LES PHYSICIENS

omnium hujusmodi ; et super illis ymaginationibus nobis calculantibus, realiter invenimus loca planetarum in firmamento. Et tamen non oportet propter hoc motus astrorum realiter esse secundum exigentiam illarum ymaginationum ; taliter semper evenirent tales diversitates in motibus superiorum que jam evenerunt, et tamen quod illi motus possunt esse realiter secundum aliam ymaginationem cui insisto pro presenti, quam [quam] tamen non ita commodiose et expedite loca planetarum possent inveniri calculatione sicut [si] motus esset secundum alterius ymaginationis exigentiam predicle. Igitur non immerito tabule finite sunt super eam, et consequenter omnes theoricarum ymagines. Hec (?) est (?) causa quare ita communiter et ultra vulgatum sit diversitates motuum planetarum salvari in ecentricis et epicyclis. »

On pourrait penser que noire auteur, en déclarant que les théories des planètes ont pour seul objet de sauver les mouvements apparents des astres errants, veut, du moins, qu’elles sauvent toutes les apparences découvertes par l’observation dans ces mouvements ; il n’en est rien ; il laisse entièrement de côté les variations de diamètre apparent ou d’éclat qui manifestent les changements de distance entre les divers astres errants et la Terre ; seul, le lieu qu’occupe à chaque instant, par rapport aux étoiles fixes, chacune des planètes, est l’objet de ses soucis ; il est clair, dès lors, qu’il pourra, dans sa théorie, attacher fixement chacun des astres errants à une sphère qui ait pour centre le centre de la Terre.

Voyons d’abord quelle est sa théorie du Soleil, la seule qu’il expose avec quelque détail et quelque précision.

Cette théorie est obtenue par un procédé fort simple et même quelque peu puéril. Il consiste à mener le rayon vecteur qui, selon la doctrine de Ptolémée, joindrait le centre de la Terre au centre du Soleil, à prolonger ce rayon jusqu’à la rencontre d’une sphère concentrique au Monde, et à prendre le point de rencontre de ce rayon vecteur et de cette sphère pour lieu du centre du Soleil. Il est clair que le mouvement apparent du Soleil sera, dans cette hypothèse, le même que dans le système de Ptolémée.

Voici comment cette théorie du Soleil est exposée[1] : « Pour sauver le mouvement du Soleil, on pose un seul orbe entièrement concentrique au Monde ; sur le propre centre de cet orbe, le Soleil se meut avec une difformité de même espèce et de même grandeur que celle avec laquelle il se mouvait, par rapport à l’orbe

  1. Op. laud., Cap. XIm ; ms, cit., fol. 104, coll. a et b.