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L’ASTRONOMIE PARISIENNE. — II. LES PHYSICIENS

tables déjà existantes ? C’est, alors, qu’il n’avait pas compris l’exacte équivalence de sa théorie du Soleil avec celle que ces tables supposaient. Mais rien ne nous autorise formellement à lui prêter une telle méprise.

Au sujet de la Lune et des autres astres auxquels Ptolémée attribuait, un épicycle, nous trouvons, dans l’écrit que nous analysons, une hypothèse d’une certaine originalité ; le mouvement de va-et-vient que l’astre paraît avoir autour de sa position moyenne n’est pas sauvé par la circulation sur un épicycle, mais par une oscillation d’accès et de recès analogue à celle que le Tractatus de motu octavæ sphæræ prêtait à la sphère des étoiles fixes. La Lune est l’exemple choisi pour exposer cette théorie [1].

« La Lune a une sphère concentrique au Monde et qui lui est immédiate ; c’est en cette sphère que son corps est logé ; le mouvement propre de cette sphère est un mouvement d’accès et de recès sur certaines petites circonférences ; le corps de la Lune est au point milieu entre ces circonférences et, à partir de ce point, il se meut tantôt vers l’Occident et tantôt vers l’Orient, exactement comme la tête du Cancer de la huitième sphère, par suite du mouvement d’accès et de recès de la huitième sphère, se meut, de part et d’autre de ce point milieu entre les petites circonférences, tantôt vers l’Occident et tantôt vers l’Orient, tantôt vers le Midi et tantôt vers le Nord…

» La Lune a une seconde sphère concentrique, mue uniformément vers l’Orient de 13° 10′ en un jour naturel ; cette sphère communique son mouvement à la sphère qui porte l’astre et dont nous parlions tout à l’heure. »

La ligne qui détermine le moyen mouvement de la Lune est la ligne qui joint le centre de la Terre au point milieu entre les centres des petites circonférences précédemment définies ; « la ligne du mouvement vrai de la Lune, issue du même centre de la Terre, va passer par le centre de la Lune ; lare du Zodiaque qui se trouve intercepte entre ces lignes se nomme équation de la Lune ; l’équation maximum de la Lune se trouve ainsi être tantôt plus grande et tantôt plus petite.

» Il n’en résulte pas que la Lune se meuve dans un excentrique ; en effet, par suite de la latitude du second concentrique, il arrive un changement dans la vitesse de la Lune sur le Zodiaque, comme on l’a montré au commencement du traité. Je crois bien que si l’on déterminait, par les Tables d’Alphonse, l’équation de la Lune

  1. Op. laud., Cap. Xm ; ms, cit., fol. 104, Coll. b, c et d.