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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE

par rapport au méridien, et si l’on cherchait ensuite, avec l’instrument armillaire, le lieu vrai de la Lune, on trouverait une équation un peu plus petite que dans les tables ; en effet, au mois de mai de l’an 1362, on a vu une éclipse se produire un peu plus tard que ne l’exigeait le calcul fait à l’aide des tables…

» De même, pour les autres planètes qui possèdent un triple mouvement apparent, ces apparences peuvent être sauvées, en longitude et en latitude, si l’on admet, outre l’orbe qui porte l’astre, deux orbes concentriques, et si on leur assigne des pôles et des axes différents, sur lesquels ils se meuvent en communiquant à l’orbe qui porte l’astre autant de mouvements divers qu’on en observe. Nous reconnaissons également que ces mouvements peuvent être produits en imaginant pour ces planètes, dont les orbes équants ont leurs centres hors du centre du Monde, des points d’arrêt comme pour le Soleil ; les mouvements de ces points d’arrêt doivent être imaginés comme on faisait pour les auges. »

Après avoir défini les points qui, dans sa théorie de la Lune, devront être appelés tête et queue du Dragon, notre auteur poursuit en ces termes : « La variation quotidienne de ces points, qui est de trois minutes vers l’Occident, est sauvée par le mouvement vers l’Occident d’un orbe concentrique[1], superposé à l’orbe qui porte la planète.

» Celui qui le voudrait pourrait, par cette imagination, fabriquer facilement la théorie spéciale d’une planète quelconque ; en une telle théorie, toute la diversité des orbes et des mouvements, discutée complètement, se trouverait éclaircie pour chacun des astres errants. Mais, pour le moment, il suffit d’avoir touché ce procédé d’une façon générale ».

C’était plus facile, assurément, que de pousser jusqu’à la construction détaillée d’une théorie des planètes, que de reprendre l’œuvre entière de Ptolémée en substituant des mouvements d’accès et de recès convenablement choisis aux circulations sur des épicycles.

En se bornant à ces généralités aisées, notre auteur ne pouvait guère se flatter d’exercer une influence notable sur les astronomes de son temps ; en fait, nous n’avons relevé nulle trace de cette influence. Ce n’est donc pas une œuvre de grande importance que nous venons d’analyser ni qui ait joué un rôle appréciable dans le développement des théories astronomiques. Elle est loin, cependant, d’être dénuée d’intérêt. Elle nous montre, en effet,

  1. Op. laud., Cap. XIm, fol. 104, col. d.