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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE


VIIIe livre des Physiques ; or ce mouvement n’est pas continu, car aux deux points du Cancer et du Capricorne, il se fait par une ligne qui se réfléchit en quelque sorte sur elle-même. »

Cet argument, c’est celui que Bacon avait opposé aux hypothèses de l’Almageste touchant le mouvement oscillatoire de l’épicycle d’une planète ; il n’est pas étonnant qu’on le puisse également faire valoir contre l’hypothèse de l’accès et du recès, puisque cette hypothèse-ci semble n’être, nous l’avons vu[1], qu’une transposition de celle-là.

Ici encore l’analogie entre la pensée de Jean de Sicile et celle de Roger Bacon va jusqu’à la similitude de style. Bacon avait écrit[2] :

« Quoniam omnis motus corporum cælestium est continuus et perpetuus, ut ostenditur VIIIo Physicorum. Sed nullus motus reflexivus est continuus, ut ibidem docetur ; ymo accidet quies intermedia. »

De même, Jean de Sicile écrit :

« Motus cæli debet esse continuus et perpetuus, ut ibidem [in Io et IIo Cæli et Mundi] probatum est et in VIIIo Physicorum ; hic autem motus non est continuus, cum in punctis Cancri et Capricorni fiat quasi per lineam reflexam. »

Il semble résulter de là que les écrits où Bacon a discuté les hypothèses astronomiques étaient, vers la fin du xiiie siècle, aux mains des astronomes de Paris ; ils paraissent avoir grandement contribué à la formation de cette École d’observateurs et de calculateurs sagaces et laborieux


III
GUILLAUME DE SAINT-CLOUD

Aussitôt après qu’il a reproduit l’Expositio de Jean de Sicile, le manuscrit où nous avons étudié cet ouvrage nous présente deux traités astronomiques de la meme époque : l’un est un Almanach donnant la position des planètes pendant vingt années à partir de l’an 1292 où il fut composé[3] ; l’autre, intitulé Calendrier de la

  1. Voir : Première partie, chapitre XIII, §§ VII et VIII ; t. II, pp. 233-246.
  2. Un fragment de l’Opus tertium de Roger Bacon,… p 134.
  3. Cette pièce est intitulée : Guillelmus de Sancto Clodoaldo. Anno Dominici 1290 (lisez 1292]. Elle se trouve au ms. no 7281, fonds latin, de la Bibliothèque Nationale, du fol. 141, ro, au fol. vo.