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L’ASTRONOMIE PARISIENNE. — I. LES ASTRONOMES

Reine Marie, est daté de 1296[1]. Ces deux écrits sont d’un même auteur, Guillaume de Saint-Cloud.

De Guillaume de Saint-Cloud, nous ne savons guère autre chose que ce que nous apprend la lecture de cet Almanach et de ce Calendrier[2] ; et nous le devons vivement regretter ; Guillaume semble, en effet, avoir exercé une profonde et durable influence sur les astronomes de l’École de Paris ; il paraît avoir été un des principaux fondateurs de cette École.

Le Calendrier perpétuel de Guillaume de Saint-Cloud est dédié à la reine Marie, qui en avait demandé la composition. « Cette reine est Marie[3], seconde femme de Philippe III, dit le Hardi, fille de Henri III, duc de Brabant, mariée à Philippe en 1271 et morte en 1321. » Voici en quels termes[4], à la fin du préambule, Guillaume lui offre son œuvre :

« L’illustre reine de France, ma Dame Marie, a considéré que, comme dans l’or resplendît la béauté d’une pierre précieuse, ainsi dans un noble cœur brillent les vertus ; elle m’a commandé de faire pour elle un traité scientifique (scientiale) qui, bien que de médiocre étendue, fût utile. À cette volonté raisonnable que je regarde comme un ordre souverain, mon désir est d’obéir dans la mesure de mes forces. Et plaise au Ciel qu’elle veuille me commander de plus grandes choses, s’il en est dont je sois capable ! Donc, afin de devenir en ceci chétif imitateur des Anciens, je composerai par écrit, sur l’ordre de ma Dame, l’art de savoir la durée du jour et de la nuit en tout temps, dans le septième climat, où sont situées la plus grande partie de la France et plusieurs autres régions, surtout du côté de l’Orient. Si ce travail lui plaît, il sera étendu à tous lieux et à tous les climats ; j’ajouterai les hauteurs du Soleil à midi et, de plus, le nombre d’or corrigé pour le temps, ainsi que la longueur du crépuscule du matin ou du soir ; car ils sent, pour une même époque, de même durée. Tout cela sera dis-

  1. Cette pièce est intitulée : Kalendarium regine M. per G. de Sancto Clodoaldo. Elle est contenue au même ms., du fol. 145, ro, au fol. 154 vo. Elle est incomplète ; le calendrier annoncé n’y est pas reproduit. Il se trouve en une autre copie plus complète que contient le ms. no 15171 du fonds latin de la Bibliothèque Nationale (ancien {{n°} 900 du fonds Saint Victor). Au fol. 88, ro, de ce ms., on lit, d’une écriture postérieure à celle du texte : Kalendarium regine cum ejus practica. Le texte se poursuit, sur deux colonnes, du fol. 88, col. a, au fol. 94, col. c. Les tables se lisent du fol. 95, verso, au fol. 101, verso.
  2. E. Littré a donné, en 1869, dans l’Histoire littéraire de la France (t. XXV, pp. 63-74) une notice sur Guillaume de Saint-Cloud ; cette notice est forcément réduite à l’analyse, fort bien faite d’ailleurs, de l’Almanach et du Calendrier.
  3. É. Littré. Op. laud., p. 63.
  4. Selon la traduction de Littré, Op. laud., pp. 64-65 ; ms. cit., fol. 145, vo.