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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE

Après avoir commenté le second livre du Traité du Ciel, il écrit [1] :

« Et ainsi, à l’honneur de Dieu et par sa grâce, J’ay accompliz le premier et le secunt livres De celo et mundo, pour lesquels mieux entendre est expédiant le traité de l’espère en françois dont j’ai faite mention. Et serait bien que il feus mis en un volume ouvecquez ces II livres, et me semble que sera un livre de naturelle philosophie noble et très excellent. »

Plus heureux que le Traité du Ciel et du Monde, le Traité de la Sphère a été deux fois imprimé à Paris, par Simon du Bois, au début du XVIe siècle ; la première édition, que nous avons consultée, ne porte aucune date [2] ; la seconde est de 1508.

Pour nous instruire des doctrines astronomiques de Maître Nicole Oresme, parcourons ce Traité de la Sphère.

Le Prologue au lecteur détermine l’objet que l’auteur avait en vue lorsqu’il composait ce petit livre écrit en français : « La figure et la disposition du Monde, le nombre et ordre des éléments et les mouvements des corps du ciel appartiennent à tout homme qui est de franche condition et de noble engin. Et est belle chose, délectable, proftitable et honneste… Duquel je vueil dire en françois généralement et plainement ce qui est convenable à sçavoir à tout homme, sans me trop arrester ès démonstrations et es subtilitez qui appartiennent aux astronomiens. »

Dans ce livre, écrit pour « tout homme qui est de franche condition et de noble engin », et non pour les « astronomiens », nous ne devons guère nous attendre à trouver des théories scientifiques nouvelles ; en revanche, il semble merveilleusement propre à nous dire ce que l’on regardait communément comme établi, à Paris, vers le milieu du xive siècle.

Nicole Oresme admet que les mouvements des étoiles requièrent l’existence d’une sphère au-dessus du huitième orbe [3] : « Selon les astrologiens, est par dessus tous la neufiesme sphère : où il n’appert aulcune estoille ; et dient que c’est pource que en la huytiesme sphère appert plus d’ung simple mouvement, et s’il convient qu’il y en ait une par dessus, il fault aussi qu’elle soit meue tant seulement d’ung simple mouvement. Encore dient

  1. Ms. cit., fol. 95, col. d.
  2. Le traicte de la sphere : translate de latin en françois par Maistre Nicole Oresme, très docte et renomme philosophe. On le vent à Paris, en la rue Judas, chez Maistre Simon du Bois, imprimeur. En dépit du titre qui a induit en erreur certains bibliographes (Houzeau et Lancaster, Bibliographie générale de l’Astronomie, t. I, p. 509), c’est un ouvrage original, et non une traduction de la Sphœra de Joannes de Sacro-Bosco.
  3. Nicole Oresme, Le Traiclé de la Sphère, Ch. III.