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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome IV.djvu/167

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L’ASTRONOMIE PARISIENNE. — II. LES PHYSICIENS

aulcuns, que pardessus est ung ciel inmouvable. Puis le ciel cristalin, puis le ciel empiré où est le trosne de Salomon ; et telles choses, qui n’appartiennent pas à la naturelle philosophie, ne à Astrologie scavoir ; parquoy il suffist à présent de parler des neuf sphères dessus dictes. »

L’auteur du Traicté de la Sphère admet sans discussion le système de Ptolémée ; mais pour le présenter, il use des agencements d’orbites imaginés par les Hypothèses des planètes et mis en vogue par frère Bernard de Verdun. Voici, par exemple, ce qu’il dit[1] « de l’eccentrique du Soleil » :

« Pour entendre la manière comment cet eccentrique peut estre, les philosophes dient que toute la sphère du Soleil, de quoy il est faict mention au quart chapitre, est divisée en trois parties desquelles l’une est moyenne et eccentrique, et d’une mesme espoisseur ou profondeur en chascune de ses parties. Et en icelle est le Soleil fiché, et se meut avecques elle. Dessoubs cest icy y a une aultre partie, qui est espoisse en droict aux Solis et ténue de l’aultre part ; et sa superficie concave est concentrique ; mais sa superficie convexe est eccentrique. Item dessus la moyenne sphère dont j’ay dit devant, il y a aussi une sphère bossue, laquelle est espoisse vers opposite augis et ténue vers aux Solis. Et sa superficie concave est eccentrique, et sa superficie convexe est concentrique si comme il appert par exemple en ceste figure. »

La figure tracée par Nicole Oresme est celle qu’on trouve, à partir du xive siècle, dans presque tous les traités d’Astronomie (fig. 21).

Le grand maître du Collège de Navarre continue en ces termes :

« Et ces deux sphères qui sont l’une dessus la moyenne et l’aultre dessoubs, et sont ainsy pour remplir le lieu. Car il est impossible selon nature qu’il soit rien de vuide. Touteffois le mouvement du Soleil feust aussi bien gardé, en mettant qu’il y eust épicycle. Mais telles difficultez et des eccentriques, et des épicycles des aultres planètes apartiènent à la théorique des planètes. Et je n’en vueil icy plus parler. »

Cette dernière pensée est celle qu’Oresme répète[2] à « la fin de cest œuvre » :

« Je vueil icy faire fin ; car je ne vueil pas icy parler des épicycles, ne des eccentriques des planètes, ne des aultres fortes

  1. Nicole Oresme, Le Traicté de la Sphère, Ch. XXVII.
  2. Nicole Oresme, Le Traicté de la Sphère, Ch. L.