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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE

pour aller s’établir en divers pays et, particulièrement, en Allemagne.

Cet exode de maîtres réputés portait à l’Université de Paris un coup funeste ; plus jamais, dans la suite des temps, elle ne retrouvera ni la splendeur ni l’autorité dont elle avait joui depuis sa fondation. Mais cette dispersion en va porter l’influence dans les Universités que ses disciples fonderont en Allemagne. Nous venons d’entendre Marsile d’Inghen enseigner à Heidelberg les hypothèses astronomiques qu’il avait apprises à Paris ; nous verrons plus tard la tradition scientifique de l’Alma mater se poursuivre en d’autres Universités allemandes et, particulièrement, dans la brillante École astronomique de Vienne.


XI
PIERRE D’AILLY

Demeurons encore un peu de temps à Paris ; en laissant fuir vers les pays allemands tout un essaim de maîtres actifs et réputés, la grande école nominaliste a vu décroître sa puissance ; elle ne l’a pas entièrement perdue. Après l’exode de 1382, pendant les dernières années du xive siècle, pendant les premières années du xve siècle, en dépit du Grand Schisme, des querelles des Armagnacs et des Bourguignons, de la Guerre de Cent Ans, la tradition de Jean Buridan, d’Albert de Saxe, de Nicole Oresme et de Marsile d’Inghen demeure encore, maints documents nous l’apprennent, vivante et vigoureuse.

Pour nous renseigner sur les tendances des astronomes parisiens au voisinage de l’an 1400, nous avons le témoignage de Pierre d’Ailly.

Pierre d’Ailly vécut de 1350 à 1423. Chancelier de l’Université de Paris en 1389, évêque du Puy, d’abord, et de Cambrai ensuite, cardinal en 1411, il joua un rôle important dans les démêlés du Grand Schisme ; son extraordinaire activité, non moins que la science dont témoignent ses nombreux écrits sur les sujets les plus variés, l’avaient fait surnommer l’Aigle de France.

L’ouvrage astronomique le plus important et le plus souvent édité [1] de Pierre d’Ailly est un commentaire au Traité de la Sphère

  1. La première édition de ces Questions, jointes au Commentaire de Pedro Ciruelo de Daroca, est la suivante :

    Uberrimum sphere mundi intersertis etiam questionibus domini