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L’ASTRONOMIE PARISIENNE. — II. LES PHYSICIENS

synodalis auctorilas, ordinando et districte precipindo ut tam utile et laudabile opus celeriter compleatur, ad illius gloriam et honorem qui est benedictus in secula seculorum. Amen. » Dans le manuscrit où nous l’avons lue, elle est suivie de cette indication : Explicit exhortatio super kalendarii correctione a domino Petro Cameracensi Episcopo, P. de Alliaco nuncupato, quoniam de villa compendii Noviomensis dioces, fuit oriundus.

Nous savons à quelle date Pierre d’Ailly composa son exhortaen effet, cette phrase [1] : « Unde secundum Tabulas Alfonsii que ameridie diei incipiunt, hoc anno MoCCCCoXIo ita figurari possunt. » La rédaction de ce petit écrit, achevée en 1411. précéda donc de plus de trois ans le concile auquel il était destiné, puisque le concile de Constance s’ouvrit seulement le 31 décembre 1414, précédé, il est vrai, en 1412, par la tentative avortée du concile de Home.

Pas plus que les autres ouvrages de l’Évêque de Cambrai, l’Exhortation pour la correction du calendrier n’est œuvre fort originale. Constamment, Pierre d’Ailly a eu recours à son inspirateur habituel, à Roger Bacon [2], et mainte phrase de l’Opus malus est, par lui, presque textuellement reproduite. Il est un autre enseignement dont il tire le plus grand parti ; c’est celui de Jean de Murs et de Firmin de Belleval ; il ne cherche pas, d’ailleurs, à cacher cette source d’inspiration ; en eifet, au sujet de l’erreur commise par le calendrier julien, et du déplacement continuel qui on résulte pour la date de l’équinoxe, il nous rappelle qu’il en a plus pleinement écrit « à la fin du traité De le gibus et sectis. » c’est-à-dire dans l’Elucidarium « où il a montré que chacun des équinoxes remontait, dans le calendrier, d’un jour environ tous les cent trente-quatre ans » ; or, dans l’Elucidarium, il citait, à ce propos, les noms de Jean de Murs et de Firmin de Bclleval, ses devanciers.

Parcourons rapidement l’Exhortation pour la correction du calendrier.

« Eusèbe [3], dans son Histoire ecclésiastique, nous montre avec quel soin diligent l’Église, autrefois, a veillé à l’observation de la Pâques, du jeûne du carême et des autres fêtes solennelles… Tous ces hommes si grands et de si grande autorité furent alors plus

  1. Petri de Aliaco Exhortatio super kelendarii correctione, cap. III ; ms. cit., fol. 39, ro.
  2. M. Kaltenbrunner a mis en parallèle divers passages de l’Exhortatio avec les passages de l’Opus majus dont ils sont l’évidente imitation (Kaltenbrunner, Op. laud., pp. 330-331 et p. 333).
  3. Petri de Aliaco Op. laud., cap. I ; ms, cit., fol. 36, ro et vo.