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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE

attentifs et plus diligents à calculer les jours et les temps qu’à compter des monnaies.

» Aujourd hui, au contraire, quelle honte ! Les ministres de l’Église, et ceux surtout à qui il incombe de pourvoir à ces observances font preuve de la plus négligente inertie » Aussi, depuis bien des années, au grand scandale de l’Église, les erreurs du calendrier nous font-elles violer la célébration de la Pâque, ainsi que les fêtes et observances qui lui sont rattachées ; elles sont chassées des places qu’elles doivent occuper, comme je me propose de l’expliquer plus pleinement par la suite.

» Dans ce but, j’ai décidé de rassembler un résumé d’avis empruntés à divers auteurs, mais véritables et prouvés. L’assemblée universelle des évêques, moi, le moindre des évêques, je la veux, comme un simple chien de chasse, exciter à la poursuite de l’erreur scandaleuse dont je viens de parler ; je veux la presser d’extirper, de la vigne de l’Église, cette erreur qui ressemble à une exécrable bête fauve, à un monstre horrible.

» Cette action, cette salubre prévoyance vont être d’une parfaite convenance. Il vient, en effet, le temps acceptable, le jour du salut, le jour qui sera si utile au salut de l’Église, le jour acceptable pour Dieu et pour le peuple chrétien tout entier. En effet, un décret du récent concile de Dise ordonne la célébration d’un synode qui sera spécialement consacré à cet objet : La réformation de tout ce qui, ô douleur ! a été si étrangement et si misérablement déformé. »

Au rang des sujets sur lesquels doit porter cette réforme, Pierre d’Ailly met les inexactitudes du calendrier julien.

« Sachez donc[1] que le calendrier dont l’Église fait usage est affecté de trois erreurs principales. Il serait juste de les corriger ; mais l’autorité pour accomplir cette correction ne saurait émaner que d’un ordre ou d’une approbation de la chaire apostolique ou du concile général.

» La première erreur est la racine de plusieurs autres erreurs. Elle consiste en ceci que notre calendrier n’use pas de la véritable durée de l’année ; il admet que la durée de l’année est exactement de trois cent soixante-cinq jours et quart ; ce quart de jour, il le met de côté pendant quatre années et, dans l’année bissextile, il compte un jour de plus que dans les années ordinaires. Or nous sommes assurés, non seulement par les conquitistes, mais encore par les méthodes de l’Astronomie, que la durée de l’a-

  1. Petri de Alliaco Op. laud., cap. II ; ms. cit., fol. 37, ro et vo.