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L’ASTRONOMIE PARISIENNE. — II. LES PHYSICIENS

née solaire n’est pas si grande ; elle est sensiblement moindre.

» Les astronomes n’admettent pas ce quart d’année complet ; ils admettent seulement cinq heures et un certain nombre de minutes ; mais au sujet du nombre de ces minutes, ils ne sont pus tout-à-fait d’accord. Ptolémée admet cinquante-cinq inimités et douze secondes ; Albatégni, quarante-sept minutes et quinze secondes : Alphonse X…, quarante-neuf minutes et seize secondes ; cette dernière opinion est celle qu’aujourd’hui, on tient, en général, pour la plus exacte.

» Ainsi la véritable durée de l’année est moindre que la durée de l’aimée admise par notre calendrier ; elle lui est inférieure d’un sixième d’heure et d’un peu plus, savoir de quarante-quatre secondes ou à peu près ; je dis cela parce que nous ne compterons pas ici les fractions moindres que la seconde ; il serait fastidieux d’en tenir compte, et, même au bout d’un très long temps, elles ne produiraient qu’une erreur fort petite.

» La seconde erreur découle de la première. Les équinoxes, les solstices… montent constamment dans le calendrier ; les astronomes n’en doutent pas ; les tables et les instruments en fournissent la preuve. Cela provient de Le rieur commise sur la durée de l’année solaire. De cette erreur et de la continuelle ascension des solstices et des équinoxes, j’ai plus pleinement écrit à la fin de mon traité De legibus et sectis ; ai montré que chacun des équinoxes et des solstices remontait, dans le calendrier, d’un jour environ tous les cent trente-quatre ans…

» La troisième erreur porte sur la détermination du premier jour de chaque lunaison, détermination que le nombre d’or marque, dans notre calendrier, à l’aide du cycle de dix-neuf ans. »

La règle du nombre d’or marquerait exactement le commencement des lunaisons si l’on supprimait une année bissextile tous les trois cent quatre ans[1]. Pour empêcher les solstices et les équinoxes de remonter incessamment le cours du calendrier, il suffirait de supprimer une année bissextile tous les cent trente-quatre ans[2], comme l’avaient proposé Jean de Murs et Firmin de Belleval. Mais ce déplacement continuel des équinoxes et des solstices, il ne suffit pas d’y mettre obstacle dans l’avenir ; il faut encore remédier aux effets qu’il a produits dans le passé. Par lui, la date de l’équinoxe de printemps n’est plus le 21 mars, comme le voulait le concile de Nicée ; la date de la Pâques n’a donc plus avec cet équinoxe la relation que ce concile s’était proposé de sau-

  1. Petri de Allico Op. laud., cap. IV ; ms. cit., fol. 40, vo.
  2. Petri de Allico Op. laud., cap. II ; ms. cit., fol. 37, vo.