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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE

vegarder. Il importe grandement de ramener l’équinoxe de printemps au 21 mars, et donc de savoir exactement quelle est sa date actuelle.

De ce déplacement subi par la date de l’équinoxe de printemps, Pierre d’Ailly trouvait une détermination dans l’Opus majus de Bacon. Voici en quels termes il en parle, sans en nommer l’auteur[1] :

« Selon ces astronomes, en l’année 1267, le solstice [d’hiver] se produisit au jour des ides de décembre, et l’équinoxe [de printemps] le troisième jour des ides de mars. De cette date à celle où Péquindxe se trouvait au temps de Ptolémée, il y a neuf jours. Mais du temps où Ptolémée détermina la position de l’équinoxe jusqu’alors, il s’est écoulé onze cent sept années chrétiennes ; ce nombre d’années contient neuf fois trois cent vingt-six ans. Ils concluent donc, en s’appuyant sur la détermination faite par Ptolémée, qu’il y aura accord des années tropiques avec les années chrétiennes si, tous les cent vingt-six ans, on diminue d’un jour la durée de l’année, jour qui marque le déplacement éprouvé par chaque solstice et chaque équinoxe.

» Mais ils n’affirment pas que cela soit exactement vrai ; et cela ne l’est pas. En effet, comme je l’ai déclaré dans le traité auquel, tout à l’heure, j’ai fait allusion, les solstices et les équinoxes remontent, à peu près, de onze minutes par an, ou de cinquante-cinq minutes en cinq ans ; ils remontent donc d’un jour en cent trente-et-un ans ou, pour parler avec pins de précision, en cent trente-six ans, comme je l’ai dit.

» Pour savoir de combien les solstices et les équinoxes ont remonté depuis la naissance de Jésus-Christ, il importe de savoir où ils sont à présent.

» Selon les Tables Alphonsines, qui font commencer le jour à midi, voici comment, en cette année 1411, on les peut figurer… »

Ce n’est pas aux Tables Alphonsines, fort sujettes à caution, qu’il eût fallu demander la position de l’équinoxe de printemps ; il eût fallu, reprenant l’œuvre de Guillaume de Saint-Cloud, la demander à une observation directe ; mais Pierre d’Ailly n’était pas observateur, tandis que l’usage des tables lui était familier ; c’est donc par un calcul fondé sur l’emploi des Tables Alphonsines ; qu’il obtint ce résultat[2] : En cette année 1411, « l’équinoxe de printemps se produira le 11 mars, avant midi, soit neuf heures, deux

  1. Petri de Alliaco Op. laud., ms. cit., fol. 39, ro.
  2. Petri de Alliaco, loc. cit. ; ms. cit., fol. 39, vo.