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L’ASTRONOMIE PARISIENNE. — II. LES PHYSICIENS

tiers d’heure et plus d’un sixième d’heure après le minuit précédent. »

De ces études, quelle sera la conclusion ? À développer cette conclusion, Pierre d’Ailly consacre, en entier, le sixième et dernier chapitre de son opuscule. Nous croyons que la traduction de ce chapitre mérite d’être insérée ici.

L’Évêque de Cambrai avait dit, à la fin de son cinquième chapitre [1] :

« Ces erreurs, on avait négligé de les corriger, soit parce qu’elles n’étaient pas alors aussi grandes qu’à présent, car elles grandissent sans cesse ; soit à cause d’une longue habitude dont le changement eût pu provoquer le scandale d’une dispute ; soit encore parce qu’au début, la Science astronomique ne fut guère coutumière aux Chrétiens ; on peut même dire qu’à la primitive Église, elle parut quelque peu digne de haine. »

Il poursuit en ces termes [2] :

« Mais aujourd’hui, l’Église de Dieu compte nombre de Chrétiens experts en Astronomie. Elle doit donc faire diligence pour corriger, avec son autorité conciliaire, les erreurs dont nous avons parlé, qui sont si manifestes, si palpables, qui sont l’occasion de scandales si horribles, et pour corriger, en même temps, tous les défauts du calendrier.

» Nous avons, dans ce qui précède, montré, jusqu’à un certain point, la manière de faire cette correction ; mais les astronomes auront à en démontrer l’exactitude d’une façon plus pleine et plus précise.

» Sachez donc que, pour obtenir la correction du calendrier, on peut assigner trois moyens assez convenables ; de ces moyens, il est juste d’examiner quel est le plus utile et le plus facile.

» Le premier consiste en ceci : Selon ce que nous avons traité au second chapitre, on omettra une année bissextile tous les cent trente-quatre ans. De cette façon, le calendrier sera corrigé en ce qui concerne le cours du Soleil ou l’année solaire, mais point en ce qui touche le cours de la Lune ; le nombre d’or ou la détermination du début des lunaisons ne pourra, de la sorte, être corrigé, être maintenu fixe dans le calendrier, conformément à la correction qu’enseigne notre quatrième chapitre.

» Le second procédé consiste à ne point supprimer aussi souvent une année bissextile, mais à la supprimer seulement tous les

  1. Petri de Alliaco Op. laud., cap. V ; ms. cit., fol. 42, vo.
  2. Petri de Alliaco Op. laud., cap. VI ; ms. cit., fol. 42, vo, à fol. 44, ro.