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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE

trois cent quatre ans. De cette façon, le calendrier est corrigé en ce qui concerne le cours de la Lune, le cycle de dix-neuf ans ou le nombre d’or. Mais cette méthode lie pourvoit pas suffisamment à ce qui regarde le cours du Soleil ; toutefois, Verreur relative à la montée, dans le calendrier, des équinoxes et des solstices se trouve, par là, corrigée en partie, sinon totalement. En outre, si le nombre d’or et les débuts des lunaisons ont été, par une correction faite une fois pour toutes, ramenés aux places qu’ils doivent occuper, ils y demeureront, exacts désormais.

» Les deux méthodes dont nous venons de parler ne sauraient être pratiquées en meme temps ; elles sont incompatibles, car la montée des équinoxes et des solstices est différente de la montée des débuts des lunaisons ; dans ce qui précède, nous l’avons mis en évidence.

» Le troisième procédé n’emploie pas l’omission danuées bissextiles ; il requiert l’emploi de nouvelles tables astronomiques, comme nous l’allons dire tout à l’heure. Cette méthode semble plus exacte et plus précise que les autres ; mais elle s’écarte du commun usage et des habitudes de l’Église ; elle supprime, en effet, l’emploi du nombre d’or, qui a été si longtemps observé ; elle introduit l’emploi de tables nouvelles et inusitées ; en outre, par ce moyen, le déplacement par [par rapport aux équinoxes] des fêtes fixes ne se trouve ni corrigé comme il l’est par le premier procédé, ni atténué comme il l’est par le second. Ce procédé a surtout l’avantage de nous enseigner comment il faut pourvoira la correction des deux erreurs.

» Au sujet des équinoxes et des solstices, il nous renseigne à l’aide des tables qui donnent l’entrée du Soleil dans chacun des signes du Zodiaque. Sans doute, la véritable durée de l’année n’a pas été expressément déterminée et pleinement démontrée ; mais, comme le dit l’Évêque de Lincoln, sans que la durée de l’année soit exactement établie, on peut, à l’aide d’instruments et de tables vérifiées, connaître les jours des équinoxes et des solstices.

» En second lieu, nous avons un remède qui nous permet de corriger les débuts des lunaisons ; pour les connaître avec une exactitude astronomique, en effet, il nous suffit de compter les temps à l’aide des années et des mois des Arabes, dont Robert Grosse-Teste a parlé en détail…

» Il serait donc nécessaire, on le voit, il serait honorable et utile à l’Église, il serait acceptable et agréable à Dieu et au monde entier, d’user d’un remède convenable en vue de supprimer entièrement les erreurs dont nous venons de parler ; de faire en sorte