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L’ASTRONOMIE PARISIENNE. — II. LES PHYSICIENS

consideratio trahit originem ab experimenta, quæ est nobis magistra prima. »

Dans le concert qui affirme cette suprématie de la certitude expérimentale sur toute déduction philosophique, on n’entend pas une voix discordante ; la théorie d’Alpétragius, qui se réclame de la Physique péripatéticienne, mais qui ne peut sauver les variations du diamètre apparent des astres errants, ne trouve pas un seul défenseur à l’Université de Paris.

Comme le système des excentriques et des épicycles est, à ce moment, le seul qui sauve le mouvement apparent des astres, le seul qui puisse fournir des tables et des canons et, partant, qui rende possible l’Astronomie d’observation, tous adhèrent à la théorie de Ptolémée. Les uns, que les principes de la Physique préoccupent peu, semblent l’accepter pleinement et sans arrière pensée ; ils n’ont d’autre souci que de discuter les perfectionnements divers apportés à ce système, ceux surtout qui ont pour objet de sauver le déplacement lent de la sphère étoilée. Les autres, plus soucieux des théories d’Aristote, en ces orbes excentriques et ces épicycles qu’on imagine pour figurer ie mouvement des astres ne veulent pas voir des corps réels, résidant vraiment au sein des cieux ; ils les regardent seulement comme des artifices propres à représenter les mouvements observés ; ils les modifient donc et les combinent, soucieux seulement de produire le mécanisme le plus simple qui se puisse souhaiter.

Si donc, dans la Scolastique, la Métaphysique a su garder, à l’égard de la Théologie, le rôle d’une servante modeste Philosophia ancilla Theologiæ — la Cosmologie philosophique n a pas oublié, à Paris, qu’elle devait recevoir avec pleine soumission les enseignements de la Science d’observation, qu’elle n’avait pas à lui imposer ses doctrines.