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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE

le comte Guido accomplit vaillamment beaucoup de belles prouesses. »

Quelles étaient les doctrines professées par l’astrologue d’Ezzelino, le loup enragé, et du fourbe renard, Guido de Montefeltre ? Les Astronomiæ tractatus decem vont nous l’apprendre.

Ces traités, nous l’avons dit, mentionnent bon nombre de faits historiques auxquels l’auteur a été mêlé. On y trouve, en particulier, plusieurs allusions[1] à une guerre entre les Lucquois et le comte Guido Novello, podestat de Florence pour Manfred ; cette expédition eut lieu en Septembre 1261. C’est le plus récent des événements cités par l’Astronomia de Guido Bonatti, Nous savons donc que ce livre n’a pas précédé l’année 1261 et, probablement, qu’il l’a suivie de près.

Examinons, d’abord, quelles étaient les connaissances proprement astronomiques de notre astrologue.

Pour nous renseigner, à cet égard, nous ne trouvons, en son ouvrage, qu’un résumé très bref et très écourté du système des excentriques et des épicycles[2]. L’étude détaillée du mouvement des planètes, n’est point, d’ailleurs, celle qu’il a en vue : « Cet ouvrage, dit-il[3], ne se propose pas de considérer ce mouvement ; je négligerai donc d’en dire davantage et je vais revenir à mon sujet ; d’autant plus que toutes ces choses sont plus largement exposées dans Alfraganus dont ce fut l’intention de traiter des mouvements des corps célestes et de leur diversité. »

Aux yeux de Guido Bonatti, le petit livre composé par Al Fergani paraît contenir le dernier mot de la Science astronomique ; de Ptolémée, notre auteur ne cite que des écrits astrologiques ; assurément, il n’a jamais ouvert l’Almageste ; peut-être en ignore-t-il l’existence.

Ne lui demandons pas de nous entretenir des théories astronomiques ; écoutons seulement ce qu’il va nous dire des principes de l’Astrologie.

Pour cette science, il n’aura pas assez d’éloges :

« Sauf la Philosophie première[4], il n’est aucune étude qui procure à l’âme autant de profit que l’Astronomie ou Astrologie. C’est par elle, en effet, que nous acquérons la science et la connaissance des créatures impassibles, inaltérables, immuables qui

  1. B. Boncompagni, Op. laud., Pars II, De septima domo capp. XXVIII et XXIX ; éd. cit., Coll. 311, 313, 314.
  2. B. Boncompagni, Op. laud., Tract. III, pars II, capp. I et II ; éd. cit., Coll. 126-130.
  3. B. Boncompagni, Op. laud., Tract. II, pars II, cap. I, éd. cit., col. 129.
  4. B. Boncompagni, Op. laud., Tract. I, pars I, cap. I ; éd, cit., col. 1.