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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE

» Compiuto è questo libro sotto li anni di Cristo nel mille dugento ottantadue. Ridolfo imperadore aletto (sic). Martino quarto papa residente. Amen. »

Donc, en l’année 1282 du Christ, alors que Rodolphe de Habsbourg, empereur d’Allemagne, fondait la dynastie d’Autriche, et que Martin IV occupait la chaire de Saint-Pierre, Ristoro terminait son livre dans la cité toscane d’Arezzo.

« Peu de personnes, écrivait le dernier éditeur de ce livre [1] connaissent l’Humboldt du xiiie siècle, Ristoro d’Arezzo, qui a écrit la Compositione del Mondo, un Cosmos embryonnaire, rédigé dans une langue naissante, et cependant riche de faits et plein d’efficacité. »

L’ouvrage de Ristoro prend place, en effet, dans cette longue lignée qui débute par le De Universo d’Isidore de Séville pour aboutir au Cosmos d’Alexandre de Humboldt ; suite d’œuvres dont chacune aspire à ce titre d’image du monde, que le Moyen Âge leur donnait volontiers ; dont chacune tente une description de l’Univers à laquelle l’Astronomie, la Météorologie, la Géologie et la Géographie apportent leur successive contribution.

Ristoro, d’ailleurs, surpasse bon nombre de ses devanciers, car il n’est pas simple compilateur ; il nous fait part, à l’occasion, de ses observations personnelles et, parmi ces observations, il en est d’intéressantes. Touchant la Géologie, notamment, il use [2] des remarques qu’il a pu faire sur les coquilles fossiles pour appuyer certaines théories qu’il paraît tenir d’Albert le Grand.

On ne trouve pas seulement de l’Astronomie, de la Météorologie et de la Géologie dans le traité de Ristoro d’Arezzo ; on y trouve aussi, et trop souvent, de l’Astrologie ; l’Astrologie mêle a chaque instant, et d’une manière fort intime, ses prétendues explications aux enseignements des autres sciences.

Notre auteur entend bien rendre compte a priori de toutes les particularités que présente le système de l’Univers ; c’est pourquoi son livre est intitulé : Della composizione del Mondo colle sue cagioni, De la composition du Monde et des raisons de cette composition. Or les raisons qu’il invoque, lorsqu’elles ne sont pas empruntées soit à l’Astrologie, soit à un fort naïf anthropomorphisme, sont tirées de chimériques combinaisons de nombres, analogues à celles qu’aimaient à former les Pythagoriciens et les Platoniciens ; nous en verrons tout à l’heure de curieux exemples.

  1. Éd. cit., p. VI.
  2. P. Duhem, Études sur Léonard de Vinci, ceux qu’il a lus et ceux qui l’ont lu. XII. Léonard de Vinci et les origines de la Géologie ; seconde série, pp. 310-323.