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L’ASTRONOMIE PARISIENNE. — I. LES ASTRONOMES

speculis comburentibus [1], le Liber de loco [2], le Liber de sensu [3]. Ce sont quelques-uns de ces opuscules séparés que Bacon a fondus dans la rédaction de l’Opus majus, de l’Opus tertium, des Communia naturalium.

Nous n’insisterons pas plus longtemps sur ce traité De essentiis essentiarum, qui intéresse tout au plus l’histoire de l’Alchimie et nullement l’histoire de l’Astronomie ; nous en tirerons seulement argument en faveur de cette affirmation : Les œuvres de Bacon, qu’à la fin du xiiie siècle, Frère Thomas lisait au fond du Royaume de Naples, pouvaient tout aussi bien, au même temps, se trouver à Paris aux mains de Jean de Sicile et de Guillaume de Saint Cloud.

Revenons au Calendrier de la Reine Marie. La date de 1296 que nous lui avons attribuée résulte de la lecture des tables que nous y trouvons [4] ; une première table donne l’heure d’entrée du Soleil en chacun des douze signes pour l’année 1296 ; une autre table fournit la détermination perpétuelle de ces mêmes heures ; cette table est à deux colonnes ; l’une des colonnes donne l’équation de ces heures pour le « temps futur », de l’an 1296 à l’an 1496 ; l’autre la donne pour le « temps passé », de 1096 à 1296.

L’Almanach des planètes est antérieur de quatre années au Calendrier de la Reine Marie ; il commence, en effet, en ces termes [5] :

« Mon intention est de composer un Almanach des planètes qui soit valable pour vingt années comptées d’une manière continue à partir de maintenant, c’est-à-dire de l’année 1292 du Seigneur. Il convient donc d’exposer, tout d’abord, quelques déclarations où l’on verra que les lieux des planètes ici trouvés ne concordent pas avec ceux qu’on tire des tables communément en usage ; cette discordance sera, pour certains, un motif de doute ; elle fournira à d autres matière à critique, à ceux surtout qui, par envie, sont facilement portés à reprendre toute œuvre nouvelle. »

Les tables que Guillaume de Saint-Cloud compare aux observations et dont il trouve les prédictions en désaccord avec les faits sont, les tables de Ptolémée, celles d’Alexandrie, celles de Tolosa, enfin les Tables de Tolède ; des Tables Alphonsines, il n’est fait aucune mention dans son Almanach.

  1. Ms. cit., fol. 168, vo.
  2. Ms. cit., fol. 167, ro.
  3. Ms. cit., fol. 169, vo.
  4. Bibl. Nat., fonds latin, ms. no 7281, fol. 148, vo.
  5. Ms. cit., fol. 141, ro.