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L’ASTRONOMIE ITALIENNE

« Le premier mouvement des sphères mobiles est le mouvement de la neuvième sphère, sphère dont le mouvement procède de la sphère immobile qui est dite la dixième… Or, en cette sphère, le premier mouvement se fait du Nord au Sud (a Septentrione in Meridiem), c’est-à-dire de gauche à droite ; ce mouvement est d’un degré environ en cent années solaires ; et de cela, tous les astronomes sont d’accord, ut Ptholomeus, Alphraganus et Alpetraius, Albumassar, Messchalla, Alcabicius, Zael etc. » Ce luxe d’autorités ne nous empêche pas de remarquer non seulement que Barthélemy a interverti les rôles de la huitième sphère et de la neuvième sphère, mais encore qu’il a remplacé les mots : de l’Occident à l’Orient par ceux-ci : du Nord au Sud, qui n’ont, en ce cas, aucun sens.

Peut-être, pour expliquer cette énormité, invoquera-t-on le lapsus, voire la faute du copiste, si le texte n’est pas de la main même de l’auteur. Prenons donc un passage assez étendu pour que l’erreur n’en puisse être tenue pour accidentelle.

Voici d’abord une proposition exacte[1], empruntée, sans doute, à quelque traité d’Astronomie :

« Lorsqu’une planète est en son auge ou proche de son auge, il ne nous semble pas qu’elle se meuve aussi fortement que lorsqu’elle est en son veya[2] ou proche de son veya ; ces deux points sont directement opposés par rapport à la sphère et par rapport à nous. Mais en ce qui concerne la planète, son mouvement est aussi grand en l’une des parties qu’en l’autre. »

Lisons maintenant l’explication qu’a trouvée notre astrologue :

« Cela est, en tout temps, évident pour le Soleil. En effet, lorsque le Soleil est près de la Terre, comme à son lever et à son coucher, il nous semble qu’il se ment beaucoup et qu’il change de place dans le ciel, en montant, à son lever, ou en descendant, à son coucher. Mais lorsqu’il est en son auge ou près de son auge (quando vero est in sua auge et prope suam augem), comme il arrive à la sixième heure et à la septième heure, heures qui sont voisines du point de la neuvième heure du jour, alors nous ne discernons exactement ni la grandeur de son mouvement ni sa propre grandeur. C’est pourquoi, à son lever et à son coucher, il nous semble plus grand qu’à la neuvième heure ; à ce moment, il nous paraît petit et immobile. Car cette grandeur que le Soleil paraît avoir à son lever et à son coucher est due aux vapeurs de la terre et de l’eau… »

  1. Enrico Narducci, Op. laud., pp. 116-117.
  2. Veya = opposé de l’auge.