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L’ASTRONOMIE PARISIENNE. — I. LES ASTRONOMES


hauteur, nommée hauteur de la tête du Cancer ou du solstice d’été, était 64° 44′. De même, au moment où le Soleil se trouvait à la fin du Sagittaire, j’en ai pris la hauteur méridienne que j’ai trouvée égale à 17° 36′ ; cette hauteur se nomme hauteur du principe ou de la tête du Capricorne ou encore hauteur du solstice d’hiver.

» De ces données, j’ai tiré deux déterminations.

» En premier lieu, j’en ai conclu que la plus grande déclinaison du Soleil était 23° 34′[1] ; elle s’obtient en retranchant la hauteur du Soleil lorsqu’il est à la tête du Capricorne de sa hauteur lorsqu’il se trouve à la tête du Cancer », et en prenant la moitié de cette différence.

En retranchant cette déclinaison maximum de la hauteur méridienne du Soleil au solstice d’été « le reste sera la hauteur du pôle au dessus de l’horizon de ce pays-ci, hauteur qui se trouve être 48° 30′[2].

» Ces grandeurs connues, j’ai procédé de la manière suivante :

» En l’an du Seigneur 1290, le 12 Mars fut le Dimanche où l’on chante : Lætare Jerusalem. Ce jour-là, je pris la hauteur méridienne du Soleil, qui fut 40° 54′ ; or, en ce pays, la hauteur méridienne du Soleil, lorsqu’il passe au point équinoxial, est supposée égale à 41° 10′[3] ; elle excède de 0° 16′ la hauteur précédente ; d’autre part, lorsque le Soleil est proche de son passage au point équinoxial du printemps, sa hauteur méridienne augmente de 24′ par jour à peu près ; il en résulte que le centre du corps du Soleil a passé au point équinoxial 16 heures après 1 heure de midi du 12 mars de ladite année. Selon cette détermination, le mouvement de la huitième sphère en cette année-là valait 10° 13′. »

L’exactitude des résultats obtenus par Guillaume de Saint-Cloud à la suite de cette détermination difficile et compliquée nous inspire la plus haute estime pour ses talents d’observateur. Nous voyons, en effet, qu’il avait apporté de grands perfectionnements aux procédés d’observation ; parmi ces perfectionnements, l’un des plus intéressants est celui qui consiste à ne pas observer le Soleil directement, mais à l’aide de la chambre obscure.

« Lors de l’éclipse du 4 juin 1285[4], il arriva que plusieurs de ceux qui avaient regardé fortement le Soleil eurent la vue éblouie

  1. Selon la formule admise aujourd’hui, l’obliquité de l’écliptique en 1922 était égale à 23° 32′ 30″ environ.
  2. La latitude de l’Observatoire de Paris est 48° 50′ 14″.
  3. Complément de la latitude : 48° 50′.
  4. Littré, Op. laud., p. 73.