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L’ASTRONOMIE ITALIENNE

en juge par les très nombreuses éditions que l’imprimerie en donna à la fin du xve siècle et au début du xvie siècle[1]. Le titre même de ce traite célèbre devint un surnom pour l’auteur ; l’appelait parfois Peints conciliator.

Les principes de l’Astrologie judiciaire sont nettement affirmés par le Conciliator differentiarum : ils sont rattachés[2] à l’axiome qu’Aristote avait formulé dans ses Météores : « Notre monde inférieur est nécessairement uni d’une manière continue aux mouvements célestes ; toute vertu de ce monde est gouvernée par ces mouvements. »

Il ne semble pas que Pierre d’Abano soit, plus que Guido Bonatti, disposé à restreindre d’une manière quelconque la portée de ce principe. Sans doute, il admet[3] que les jugements tirés de l’Astrologie sont faillibles, qu’ils ne permettront pas toujours au médecin de sauver le malade ; mais de ces incertitudes et de ces erreurs il ne rend nullement responsables les axiomes en vertu desquels on porte de tels jugements. Si les pronostics fournis par l’Astrologie ne sont point toujours exacts, c’est que, pour en obtenir de certains, il faudrait tenir compte d’une incroyable multitude d’influences célestes et des combinaisons extraordinairement variées des éléments sur lesquels agissent ces influences ; cette complication passe l’intelligence de l’homme ; mais les désaccords qui en résultent entre les jugements astrologiques et les faits, ne marquent que l’insuffisance du savant, non l’inexactitude des principes. Telle est la pensée qui semble dominer la discussion développée par Pierre d’Abano ; discussion où nous le trouvons plus soucieux de montrer son érudition par l’accumulation des autorités opposées les unes aux autres que de formuler une conclusion nette.

Nous verrons avec quel soin, dans l’École de Paris, ceux qui croyaient à la légitimité de l’Astrologie judiciaire, soustrayaient, cependant, à l’influence des astres, les actes qui relèvent dulibrearbitre de l’homme ou de la grâce de Dieu. Pierre de Padoue ne semble aucunement désireux de briser par la moindre exception l’enchaînement du rigoureux déterminisme que pose l’axiome péripatéticien ; ce déterminisme, au contraire, il le formule de la manière la [dus nette :

1. On cite les éditions de Mantoue, 1472 ; de Venise, 1476, 1483, 1496, 14499, 1522, 1548 ; de Pavie, 1490 ; de Florence, 1520 ; de Bâle, 1535, etc.

2. Petri de Apono Concï/tafor differentiarurn ; Difïerentia IX : Quod natura h u nia 11a non sit débilita ta ab eo quod aoliquitus videtur. Difterentia X : Quod quis existe ns naedicus per sckoliam Astronomi® non posait cnoferr ? in sa lu te 111 ægroti.

3. Petri de Apono Op. laud., Diff. X,

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