prennent mal cette doctrine ; il dit : C’est extrêmement sot de croire que les hommes qui sont morts et que ceux qui viendront sont numériquement les mêmes ; en effet, selon le second livre De gene.ratione et corruptione, des choses dont la substance a péri ne peuvent revenir numériquement les mêmes. C’est en cela que tombe en défaut le dire de certains Pythagoriciens ; ceux-ci admettent qu’à la tin de la Grande Année, tous les êtres reviendront absolument tels qu’ils ont existé, et numériquement les mêmes ; cela aura lieu au bout de trente-six mille ans, selon la supposition de, Ptolémée ; celui-ci admet, en effet, que le mouvement des étoiles, qui parcourent un degré en cent ans. s’achève en cette période universelle, comme je l ai expliqué dans mon édition astronomique (ni declaravi in aslronmnica meti ediliune)-Mais on approuvera plutôt l’opinion selon laquelle les choses qui reviendront seront spécifiquement les mêmes ; en elfet, cette opinion est plus communément reçue. »
Qu est-ce que cette editio aslronomica dont Pierre d’Abano invoque ici l’explication ? Nous le verrons ait paragraphe suivant. Pour le moment, arrêtons-nous à ce qu’il professe touchant la doctrine de la Grande Aimée.
Ce que notre Astrologue padouan vient de dire, au sujet de la Grande Aimée, repose sur cette hypothèse : Ce n’est pas seulement la huitième sphère, la sphère étoilée, qui est source de vertus auxquelles sont soumises les choses d’ici bas ; de telles vertus émanent aussi, et surtout, de la neuvième sphère dénuée d’astre qui est, pour Pierre d’Abano, la véritable sphère inerrante. Cette hypothèse n était certainement pas nouvelle, car nous la trouvons, clairement exprimée, dans une des questions sur le traité de la Sphère que le Dominicain Bernard de ’frilie a composées
La dixième leçon de ce traité est, pour notre Frère Prêcheur, l’occasion d’examiner trois questions* qui, respectivement, ont pour sujets les cercles, les pôles et les Signes. Dans la troisième question, relative aux Signes, nous lisons3 : « Lorsqu’ensuite on s’enquiert du Zodiaque, il faut dire qu’il y a deux Zodiaques.
» Le premier est le Zodiaque des constellations ; c’est en celui-là que sont les constellations visibles formées par les étoiles ; 1. Voir : Seconde partie, Ch. VI, | V ; t. 111, pp. 363 sqq. 2. Fratiïis Bernardi de Trilia ÇMŒs/tûrtes in Sphœram Joannis de Sacro Bosco ; Bibliothèque municipale de Laon ms, 171, foi. 7a, col. d. 3. Ms. cil., fol. 76, col. c.