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L’ASTRONOMIE PARISIENNE. — I. LES ASTRONOMES

tions tout empiriques, nous l’allons entendre dire par un astronome qui a possédé et annoté le manuscrit où sont conservés les deux ouvrages de Guillaume de Saint-Cloud :

« Ce Guillaume, écrit-il[1], a prouvé et bien reconnu à la vue simple que les anciennes tables des mouvements célestes de Ptolémée, d’Alexandrie, de Tolède, de Tolosa et autres ne contiennent pas la détermination véritable des mouvements des planètes et de la huitième sphère. Il a donc pris sur lui de corriger quelques moyens mouvements de la manière qui lui semble la meilleure ; guidé seulement par la vue, il y a ajouté ou en a retranché quelque chose. Il a continué ainsi à s’appuyer sur ces tables. Il n’existait aucun traité exact qui permit à cet auteur de connaître vraiment les radialia des moyens mouvements, les équations, les moyens mouvements eux-mêmes, d’où il pût tirer soit tous ces éléments, soit quelques-uns d’entre eux ; cela paraît clairement à la lecture de ses écrits. Il n’eut pas connaissance des Tables Alphonsines qui corrigent les défauts de ces sortes de tables, car elles n’étaient pas encore en usage. L’Almanach, donc, qu’il a ainsi fabriqué, et aussi son Calendrier, gardent le défaut et l’imperfection des tables, car ils ne sont pas fondés sur une correction véritable. Peut-être le défaut de l’Almanach n’est-il pas aussi considérable que celui des tables, grâce à la correction apportée par l’auteur ; mais comme cet Almanach procède d’une grossière estimation, il ne faut point s’y fier. »


IV
L’INTRODUCTION DES TABLES ALPHONSINES À PARIS. HENRI BATE DE MALINES

Guillaume, de Saint-Cloud ne connaissait pas encore, en 1296, les tables astronomiques dressées par l’ordre d’Alphonse le Sage ; pour figurer le déplacement des points équinoxiaux, toutes les tables dont il faisait usage admettaient soit le mouvement de précession continu imaginé par Ptolémée, soit le mouvement d’accès et de recès considéré par Thâbit et par Al Zarkali ; les astronomes de Paris ne savaient pas encore qu’on eût tenté de composer entre eux ces deux mouvements et, par cette hypothèse complexe, de sauver plus exactement les apparences offertes par la sphère

  1. Ms. cit., fol. 148, ro.